Edith Wharton aimait les chiens, et elle a exprimé la force de ce sentiment dans deux passages-clés de ses écrits autobiographiques. « Kerfol » est la seule de ses œuvres publiées qui accorde une place très importante aux chiens : cette nouvelle nous invite à nous interroger sur la représentation du rapport entre l’homme et l’animal. Wharton utilise la structure du récit enchâssé pour évoquer l’histoire des relations entre l’homme et l’animal en Europe occidentale, qu’elle intègre à sa critique de l’oppression des femmes dans le mariage. La présence de fantômes de chiens dans cette nouvelle s’explique par la crainte de ne pas être prise au sérieux en tant qu’écrivain et neutralise les stéréotypes associés à l’amour des animaux par l’intégration du texte à la tradition fantastique. Le refus de la critique de s’intéresser aux chiens de « Kerfol » témoigne d’une incapacité à reconnaître les animaux comme sujets à part entière : la critique s’obstine à ne considérer les animaux que comme les signes d’autre chose qu’eux-mêmes. Ce n’est qu’en reconnaissant les chiens en tant que tels que le lecteur peut comprendre la profondeur de la cruauté morale dans cette nouvelle