Nos recherches de terrain permettent de restituer le contexte géologique et stratigraphique d’origine des localités
à Phosphatherium escuilliei (Proboscidea) du bassin à phosphates des Ouled Abdoun au Maroc. Le matériel de P.
escuilliei et de plusieurs autres mammifères provient des exploitations de Grand Daoui (NE du bassin). Nos observations
montrent que leur niveau d’origine est un bone-bed situé à la base de l’Intercalaire Couche II/I daté classiquement
de l’Yprésien inférieur. Ces niveaux du début de l’Eocène marquent l’installation d’une nouvelle mégaséquence dans la
série phosphatée qui a partiellement remanié les niveaux sous-jacents du Thanétien. Cela explique la présence de sélaciens
du Thanétien dans la gangue de P. escuilliei et sa datation initiale du Paléocène. L’étude des sélaciens associés au
nouveau matériel mammalien récolté confirme l’âge éocène basal de P. escuilliei avec l’identification de plusieurs espèces
de l’Yprésien inférieur. La présence exceptionnelle de mammifères dans les Ouled Abdoun dénote d’une taphonomie
particulière des restes continentaux dans les dépôts phosphatés. Ceux-ci ont été transportés dans le bassin depuis
l’arrière-pays continental proche dans des conditions de faible énergie hydrodynamique, probablement sous forme de
cadavres flottés. Au total le matériel récolté dans les carrières de Grand Daoui documente 7 espèces de mammifères
dont un créodonte, deux proboscidiens, deux « condylarthres », et deux espèces indéterminées décrites ici. L’une est un
des plus anciens hyracoïdes signalés. P. escuilliei est très largement prédominant parmi ces mammifères. La faune de
vertébrés qui leur est associée comprend des restes d’oiseaux signalés pour la première fois dans les bassins à phosphates
d’Afrique. Ce sont les plus anciens oiseaux connus en Afrique et parmi les premiers représentants des groupes marins
modernes