Autour du cas d’Argent-sur-Sauldre: l’embellissement des grands chemins dans la seconde moitié du XVIIIe siècle

Abstract

La singularité du château d’Argent-sur-Sauldre et de son jardin, acquis par l’intendant du Berry Dupré de Saint-Maur et pour lequel Victor Louis donna des plans de reconstruction, réside dans le rapport qu’il entretient avec le village et la route qui le traverse. En effet, la route nouvelle Paris Bourges par Gien, voulue par l’intendant, adopte un curieux tracé imaginé par l’ingénieur des Pont et Chaussées Nicolas Defer de la Nouerre autour d’un rond-point central: le premier axe, celui de la route au cœur du village est prolongé par l’une des deux allées principales du jardin régulier, tandis le second est à la fois celui du château et celui de la route en direction de Bourges. Château, jardin, village et route ne forment plus qu’un. Traditionnellement, la route contribue à la monumentalisation du château, mais qu’en est-il à l’inverse de l’agrément de la route? La modernisation des grands chemins dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, confiée au corps des Ponts et Chaussées, dirigé par Trudaine, a bien sûr pour objectif l’accélération des déplacements, mais la largeur exceptionnelle des routes et leur plantation systématique leur confèrent d’emblée un caractère monumental. L’importance que prend la route, nommée traverse, dans les projets urbains à partir de la seconde moitié des années 1750, nous invite à examiner la question de l’embellissement non plus simplement à l’échelle des lieux, villes ou villages, mais comme un processus global et continu autour du lien que constitue la route.The singularity of the castle and garden of Argent-sur-Sauldre, acquired by the intendant of Berry, Dupré de Saint Maur, for which Victor Louis gave reconstruction plans, lies in their relationship with the village and the road passing through it. Indeed, the new road from Paris by Gien to Bourges, launched by the intendant, adopts a curious design planned by the Ponts et chaussées engineer Nicolas Defer the Nouerre, around a central roundabout: the first axis is extended by two main paths of the formal garden, while the second is both an avenue to the castle and the road towards Bourges. Castle, garden, village and road are only one. Traditionally, the road contributes to the monumentalisation of a castle, but what about the charm of the road? The modernization of major roads in the second half of the Eighteenth Century, managed by the Ponts et chaussés under the direction of Trudaine, aimed at travelling faster, but the exceptional width of the roads and their systematic planting create a monumental character that is not senseless. The growing importance of the road, called traverse in urban projects from the second half of the 1750’s, invites us to examine the issue of embellishment as a global and continuous process around the road.Das Schloss und der Garten von Argent-sur-Sauldre, Eigentum des Gutsverwalters von Berry Dupré de Saint-Maur, wurden nach den Plänen des Architekten Victor Louis wiederaufgebaut. Ihren einzigartigen Charakter verdanken sie ihrer besonderen Verflechtung mit dem Dorf und der überquerenden Straße. Tatsächlich wurde die vom Verwalter gewünschte neue Straße von Paris nach Bourges über Gien nach einem seltsamen Plan des Ingenieurs der Ponts et Chaussées ( Hoch- und Tiefbauamt ) Nicolas Defer de la Nouerre um einen zentralen Kreisel angeordnet: die erste Achse war die Verbindung der Straße im Dorfkern mit ihrer Verlängerung durch die zwei Hauptalleen des französischen Gartens; die zweite Achse entsprach ebenso der Verbindung von der Schlossachse zur Straße nach Bourges. Daher wurden Schloss, Garten, Dorf und Straße in engste Verbindung gestellt. Traditionsgemäß spielte die Straße eine herausragende Rolle für die Entstehung der Monumentalität des Schlosses. Aber was wurde dagegen aus der Behaglichkeit der Straße? In der zweiten Hälfte des 18.Jahrhunderts wurde das Hoch- und Tiefbauamt der Ponts et Chaussées, geleitet von Trudaine, mit der Modernisierung der Hauptwege beauftragt. Als Hauptaufgabe galt selbstverständlich die Beschleunigung des Verkehrs, durch die außergewöhnliche Breite und die systematische Bepflanzung der Straßen wurde nun jedoch eine besonders monumentale Wirkung erreicht. Ab 1750 spielte die Bedeutung der sogenannten Querstraße für die Stadtplanung eine stetig wachsende Rolle. Darum darf die Frage der Verschönerung nicht auf Orte, Städte oder Dörfer begrenzt, sondern sollte als andauernder Prozess im Zusammenhang mit der Straßenplanung gesehen werden

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