Reconfigurer les contes pour moraliser autrement

Abstract

En 1695, Perrault configure La Belle au bois dormant en reconfigurant la célèbre fabella de Psyché d’Apulée et deux cunti de Basile pour y inscrire une « Morale très sensée » qui ne dévoile sa teneur critique à l’égard de la société de cour hypocrite qu’aux lecteurs perspicaces. Lhéritier y répond dans L’Adroite Princesse ou les avantures de Finette (Œuvres meslées, 1695) par une façon bien plus explicite de « moraliser ». En transformant le fuseau fatal de La Belle au bois dormant en quenouille de verre, qui se brise quand sa propriétaire fait quelque chose « contre sa gloire », elle pointe les dangers émanant des discours hypocrites des « conteurs de fleurettes » qui « soupirent sans être amoureux », pour tirer profit des Belles tenues dans l’ignorance des dangers qui les guettent. Perrault lui répond à son tour en 1697 en transformant la quenouille de verre en « pantoufle de verre » que Cendrillon, bien « dressée » par sa Marraine « qui était Fée », parvient à maintenir intacte. Mais Perrault, qui semble aller dans le sens de sa nièce dans sa première Moralité, en tire finalement une Autre Moralité, bien plus pessimiste.Perrault’s Sleeping Beauty in the manuscript version of 1695 transforms important episodes of Apuleius’ famous ancient tale of Psyche and of Basile’s Turzo d’oro and Sole, Luna e Talia in order to draw a new and “very relevant Moral” from them. Its highly critical view on the hypocritical society of the Sun king’s court can be understood only by readers who are able to read Perrault’s pseudo-naïve tales with a certain “degree of penetration”. Lhéritier responds by transforming her uncle’s Sleeping Beauty and Basile’s Sapia Liccarda in her Adroite Princesse ou les avantures de Finette (published in the Œuvres meslées in 1695) in order to moralize in a far more explicit way. Transforming Sleeping Beauty’s fatal spindle into a distaff made of glass that breaks when her owner does “something against her glory”, she points out the dangers of the hypocritical speeches of the seducers who take advantage of the “Beauties” ignorance due to their missing instruction. Perrault answers her by transforming the glass distaff into a glass slipper which Cendrillon, well instructed by her fairy godmother, keeps intact thus obtaining a royal marriage. Apparently confirming Lhéritier’s way of moralizing, Perrault draws yet another, more pessimistic moral from the story in his “Autre Moralité”

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