Morphologie et sociologie des lycées et collèges (1930-1938)

Abstract

Les effectifs détaillés de l'enseignement secondaire français des deux sexes sont très mal connus pour l'entre-deux-guerres. L'article comble cette lacune en établissant un annuaire statistique qui montre comment la crise de recrutement de 1926-1930, provoquée par la sous-natalité de 1914-1918, a été surmontée grâce au développement des classes élémentaires et des classes primaires supérieures. Ce premier résultat est affiné par l'exploitation d'une base de données de plus de 15 000 élèves, scolarisés au début ou à la fin des années trente. Constituée à partir des registres d'inscription, cette base donne la profession des parents et la section précise des élèves, ce qui permet d'analyser en détail la morphologie et la sociologie des établissements. Dès cette époque, l'entrée en sixième constitue un palier d'orientation car elle est largement ouverte à des élèves qui ne sortent pas de la septième ; les scolarités incomplètes sont encore fréquentes, notamment dans les collèges ; là où elles existent, les classes primaires supérieures ne communiquent pas avec les classes secondaires. Le doublement des effectifs secondaires dans cette période n'a entraîné qu'une démocratisation limitée ; le recrutement des établissements féminins est plus élevé que celui des établissements masculins. Si les classes inférieures de la société n'ont qu'un accès limité au secondaire, on peut en revanche parler d'une réelle mixité sociale. Les classes supérieures sont moins présentes qu'attendu, sans doute parce qu'elles privilégient l'enseignement privé qui fait alors jeu égal en effectifs avec l'enseignement public ; en revanche, les classes moyennes, instituteurs, percepteurs, inspecteurs des impôts, etc., sont très bien représentées, notamment dans les sections classiques. Celles-ci apparaissent alors comme la filière de la promotion sociale plus que de la reproduction d'une classe dirigeante.Details of numbers of male and female pupils enrolled in secondary education in France between the wars are scarce. This article aims to plug this gap by means of a statistical survey showing how the enrolment crisis of 1926-1930, caused by the low birth rate between 1914 and 1918, was overcome thanks to the development of elementary and upper primary schools. This first result is refined through the compilation and exploitation of a database containing details of over 15,000 pupils who were enrolled at the beginning or end of the 1930s. Compiled using school registers, the database gives the occupation of parents and the precise section of pupils, enabling a detailed analysis of the morphology and sociology of schools. At that time, the first year of secondary school was an orientation year, as it was open to pupils who did not come from pre-secondary classes; it was still the case that pupils often did not complete their education, particularly in the collèges (municipal secondary schools); upper primary schools, where they existed, did not communicate with secondary schools. The number of pupils enrolled in secondary education doubled during this period but this resulted in only limited democratisation. Although lower social classes had only limited access to secondary education, we can, nevertheless, speak of genuine social diversity. Higher social classes are less visible than expected, probably because they preferred private education, where the numbers of pupils enrolled at the time was the same as for state education; but the sons and daughters of the middle classes, teachers, tax collectors and inspectors, are very well represented, particularly in classical sections. It would appear, therefore, that these strands were more about social mobility than the reproduction of the ruling class

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