A Khwārazmian Saint in the Golden Horde: Közlük Ata (Gözlī Ata) and the Social Vectors of Islamisation

Abstract

Résumé : Un saint khwārazmien dans la Horde d’Or: Közlük Ata (Gözlī Ata)et les vecteurs sociaux de l’islamisation.La théorie selon laquelle les shaykhs et les communautés soufis jouèrent un rôle dans l’islamisation des khanats mongols aux xiiie et xvie siècles est fondée sur l’idée reçue que les soufis prêchèrent l’islam aux nomades (tout en simplifiant la doctrine) et qu’ils furent populaires auprès d’eux du fait qu’ils ressemblaient aux « saints » (shamans) révérés des Turcs et des Mongols païens. Des sources, produites dans les ulus des successeurs d’Hülegü et de Chagatay, montrent que le véritable rôle des soufis dans l’islamisation à cette époque ne peut se comprendre que dans le cadre social particulier où ils s’inscrivaient. Ainsi, les soufis œuvrèrent à l’établissement de relations entre leurs communautés, souvent organisées de manière héréditaire, et les communautés nomades, dont les structures sociales traditionnelles avaient été détruites par la réorganisation militaire mongole et par une migration forcée loin de leurs terres d’origine, vers des aires de pâtures plus restreintes, où vivaient également de nombreuses populations sédentaires. Ces relations sociales incluaient des alliances matrimoniales ainsi que des liens personnels exprimés en des termes de maître à disciple. Former de tels liens au niveau communautaire, avec des groupes ou des personnes prêts à vénérer un shaykh soufi sans pour autant se soumettre au mode de vie rigoureux et exigeant des disciples soufis, était considéré comme légitime depuis les œuvres d’auteurs soufis importants des xiie et xiiie siècles, liés à la tradition Suhravardī. Dans le cas de la Horde d’Or, bien que les sources soient moins nombreuses, on peut également démontrer que la création de relations sociales entre shaykhs soufis et communautés nomades joua un rôle important dans le processus d’islamisation. Cette étude réunit des sources concernant un saint nommé Gözlī Ata, ou Közlük Ata ; ces sources sont issues à la fois de la tradition orale transmise par l’une des « tribus saintes » des Türkmens qui se proclame descendre de Gözlī Ata, et d’un corpus d’écrits disparates datés des xvie et xviie siècles. L’auteur s’intéresse au cas de Gözlī Ata en tant qu’exemple de l’héritage social de l’islamisation, et nous éclaire, en outre, sur l’importance du Khwārazm à la fois comme « base régionale » pour les soufis actifs parmi les nomades de la Horde d’Or, et comme une fenêtre sur les processus d’islamisation au cœur de la steppe.Abstract : The notion that Sufi shaykhs and Sufi communities played a role in the Islamisation of the Mongol successor states in the 13th and 14th centuries is typically rooted in assumptions, mostly untenable, about Sufis ‘preaching’ Muslim doctrine to the nomads (often ‘simplifying’ it in the process) or appealing to the nomads by means of their resemblance to the holy men—‘shamans’—revered by the pagan Turks and Mongols. Evidence from the Ilkhanid realm and the Chaghatay ulus in Central Asia suggests that the Islamizing role of Sufis in this era may be better understood within the framework of establishing social bonds between Sufi communities, often organized hereditarily, and nomadic communities whose traditional social structures had been destroyed by Mongol military reorganization and by relocation to more constricted pasturelands, in the midst of substantial sedentary populations, far from their original homelands. The social bonds included marital ties, but also involved relationships framed in terms of the initiatory bond between master and disciple ; the legitimacy of forming such bonds on a large-scale communal level, with groups or individuals willing to commit to a Sufi shaykh without fully committing to the most rigorous expectations of a Sufi disciple, had only recently been legitimised, in effect, in the works of prominent Sufis linked with the Suhravardī tradition, in the 12th and 13th centuries. For the Golden Horde, the source base is much less extensive, but there is evidence that the establishment of social bonds between Sufi shaykhs and nomadic communities played an important role in the process of Islamisation there as well. This paper explores such evidence surrounding a saint known as Gözlī Ata, or Közlük Ata, known both from oral tradition transmitted within one of the ‘holy tribes’ of the Türkmens that claims descent from him, and from scattered written sources from the 16th and 17th centuries. It argues that the case of Gözlī Ata offers an example of the social legacies of Islamisation, which point, in turn, to the social character of Islamisation ; it also highlights the importance of Khwārazm both as a ‘base’ for the Sufis active among the nomads of the Golden Horde, and as a window on the process of Islamisation in the steppe

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