(...) Xi a recueilli une attention journalistique d’une telle ampleur – il a été récemment surnommé à raison le « président de tout » – qu’il semblerait ne pas avoir besoin d’être davantage étudié. En effet, il détient à présent un total surprenant de 12 postes de premier plan dans des entités dirigeantes, dont cinq ont été créés depuis son arrivée au pouvoir fin 2012 (ou peut-être créés pour lui). Il s’est placé (ou bien a été placé ?) aux commandes de l’économie, et cela dans un mouvement qui a érodé l’autorité du Premier ministre, auquel ce domaine de compétence revenait auparavant ; il a également réorganisé l’armée et – lors de la session de mars 2018 de l’Assemblée nationale populaire – le Conseil des affaires de l’État. Au lendemain de cette réunion de l’Assemblée, nombre d’orientations du gouvernement de Xi sont devenues des représentations omniprésentes, que quiconque s’informant sur la Chine a lues à maintes reprises. Ces caractéristiques sont les suivantes : un pouvoir et un contrôle à la portée démesurée ; une capacité maintenant incontestée à légitimer ses programmes et politiques en faisant référence à un « rêve chinois » peu cohérent ; et une inclination quasi obsessionnelle – qui se distingue par un haut niveau de répression, jamais vu en 40 années d’histoire chinoise – à vouloir maintenir la société tranquille (...). Les articles qui composent ce dossier remettent en question de différentes manières ces descriptions maintes fois plaquées sur la réalité. Tout d’abord, ils insufflent la vie dans ce qui est devenu des lapalissades chez ceux qui étudient et observent la Chine contemporaine. Ce faisant ils montrent combien les nombreuses inclinations et objectifs que l’on peut rencontrer en écrivant sur Xi sont devenus (ou non) instanciés dans certaines représentations de la bureaucratie. Ils ne regardent pas les généralités mais des domaines particuliers de la politique et ils documentent certaines des implications et le retour de bâton (dans la sphère de la religion) qu’elles ont engendré. Mais deuxièmement, et de façon plus importante encore, ils interrogent la capacité de Xi à innover, et non à intensifier. Les lecteurs trouveront que ces articles amènent à reconsidérer le rôle que ce nouveau « timonier » (à la façon de Mao) – comme Xi a été surnommé – a dans les faits été capable de se tailler durant un peu plus de cinq années au pouvoir. Les auteurs des articles, tous politistes, sont de jeunes chercheurs ayant récemment soutenu leur thèse. Mais tout en étant parfaitement à jour dans leurs analyses et tout à fait compétents dans les méthodologies et les approches actuelles, chacun d’eux fait montre d’une connaissance approfondie de l’histoire de la vie politique chinoise et de la politique en Chine telles qu’elles ont pu apparaître à travers les décennies (...)