L’émigration des femmes célibataires vers les colonies de l’Empire britannique de 1849 à 1865 : entre philanthropie, féminisme et colonisation matrimoniale

Abstract

La Grande-Bretagne, au moment même où elle connaît son apogée comme puissance coloniale, est, au xixe siècle, la région d’Europe qui contribue le plus à l’émigration, principalement à destination de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Canada et des États-Unis. Si cette émigration est, au départ, principalement masculine, la proportion de femmes ne va cesser de croître, encouragée et assistée, à partir des années 1840, par un certain nombre d’associations philanthropiques. Il ne s’agit pas encore, à ce stade, de servir un objectif ouvertement impérialiste mais plutôt de répondre aux besoins des colonies tout en résolvant certains problèmes domestiques liés à la pauvreté ainsi que, de plus en plus, à l’excédent de femmes par rapport aux hommes révélé par les recensements successifs. L’évolution dans la façon de percevoir cette émigration, envisagée dans un premier temps comme solution à la pauvreté puis, à partir du recensement de 1851, comme remède au déséquilibre démographique dont semble souffrir le pays, donne alors lieu à une succession, mais également parfois à une juxtaposition de projets pouvant être qualifiés de philanthropiques, antiféministes ou féministes. Durant cette période charnière en matière d’émigration féminine, qu’il s’agisse de la catégorie sociale des femmes visées, des objectifs à atteindre, ou encore des moyens à employer, ces discours révèlent toutefois de nombreuses hésitations, voire contradictions, qui vont principalement s’expliquer par la difficulté, pour leurs auteurs, de concilier pragmatisme et idéologie.Great Britain, while enjoying its peak as a colonial power was, in the nineteenth century, the region of Europe that contributed most to emigration—mostly to Australia, New Zealand, Canada, or the United States. Although this emigration was mostly male to begin with, the proportion of women grew from the 1840s onwards under the impulse, and with the support, of a number of philanthropic associations. The aim was not yet primarily to serve an imperialist agenda but rather to answer the colonies’ demands in terms of labour and wives while solving at the same time domestic issues related to poverty as well as to the perceived surplus of single women revealed by the successive national censuses. The changing perception of female emigration—regarded first as a way to improve the condition of poor female workers then, following 1851, as a remedy to the demographic imbalance between men and women from which the country seemed to be suffering—was accompanied by a succession as well as, occasionally, a juxtaposition of schemes of a more or less philanthropic, antifeminist or feminist nature. During this pivotal period, partly due to the difficulty in reconciling pragmatism and ideology, hesitations and even contradictions emerge from the discourses held by their proponents, concerning the social category of women to be targeted, the goals to be achieved and the means to do so

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