Le marquis de La Chétardie est le premier envoyé de la France en Russie à être revêtu du caractère d’ambassadeur. Cet honneur, naguère refusé à Pierre le Grand, a été accordé à sa nièce Anna, quoique ce fût au décours du premier conflit armé entre les deux pays. Son séjour à Petersbourg révéla ses qualités mais aussi ses limites ; en effet, ce courtisan achevé, courtois, expert en conversation et en réceptions mondaines, obsédé par un cérémonial pointilleux, a raté toutes les entreprises qu’il avait envisagées. A l’opposé, certaines de ses initiatives lui ont valu des désaveux. Impliqué modérément dans le coup d’État qui mit Élisabeth sur le trône, il ne profita pas longtemps de la faveur acquise à cette occasion. Il avait mal estimé les ressources des belligérants russes et suédois ; quelques maladresses, dont son gouvernement portait plus que lui la responsabilité, associées à la xénophobie exacerbée des Russes, suffirent à transformer le favori en paria ; il se vit refuser par la souveraine la médiation initialement promise dans le conflit en cours, et dut solliciter son rappel. Revenu en France, il y élabora un projet, qui fit long feu, d’alliance franco-russo-suédoise, qui devait remplacer le système des « barrières », sacrifier la Pologne et bouleverser le système établi. Son second séjour fut funeste et bref, son combat contre le vice-chancelier Bestoutcheff ne pouvant se terminer que par la chute de l’un d’eux. Ce fut lui qui fut expulsé, ayant péché par excès de confiance dans son chiffre. Ainsi, la première ambassade de France en Russie se terminait-elle dans la confusion ; La Chétardie, malgré sa séduction, avait échoué dans sa mission et dans ses grands projets.The marquis de La Chétardie was the first French envoy to Russia invested with the title of ambassador. This honor, denied to Peter the Great, was accorded to his niece Anna, although the two countries were then engaged in their first armed conflict. La Chétardie’s mission in St. Petersburg revealed both his qualities and weaknesses. A polished, experienced courtier, an expert conversationalist at home in fashionable gatherings and punctilious about court ceremonial, he failed at every project he undertook. Nevertheless, some of these failures were not his alone. Having played a minor role in the coup d’état that put Elisabeth on the throne, he acquired a favor from which he was unable to profit for long. He miscalculated the resources of Russian and Swedish belligerents. Several blunders connected to the exacerbated xenophobia of the Russians, although less his responsibility than his government’s, made him a pariah. Having been denied the role of mediator promised by the sovereign during the ongoing conflict, he was obliged to request his recall. Upon returning to France, he developed a project for an alliance among France, Russia, and Sweden that would have replaced the system of « barriers, » sacrificed Poland, and overturned the prevailing diplomatic system. His second mission was unhappy and brief as a result of his conflict with the Vice-Chancellor Bestoutchef, a conflict that could only end in the fall of one of them. It was La Chétardie who was removed because of his overconfidence in the security of his codes. Thus did the first French embassy to Russia end in confusion. Despite his seductive appeal, La Chétardie had failed in his mission and grand projects