Résumé de thèse - Le système latéral du bar, Dicentrarchus labrax, et les conséquences d'un dysfonctionnement sur son comportement: action potentielle des ions métalliques
Le système latéral est un organe sensoriel présent chez les poissons et utilisé pour l'identification et la localisation d'obstacles, la détection des objets en mouvement (proies, prédateurs, nage en banc, parade sexuelle) et la rhéotaxie. L'intégrité morphologique et fonctionnelle de ce système sensoriel apparaît donc comme un élément indispensable à la présence et à la survie d'un poisson dans un écosystème. Or, de part sa localisation à l'interface entre l'animal et le milieu, et par le fait qu'il fonctionne via des flux d'ions, cet organe sensoriel pourrait être la cible d'une pollution d'origine naturelle ou anthropique. Le but de cette étude était d'examiner l'impact d'une pollution métallique du milieu (et en particulier de l'ion cadmium) sur l'état tissulaire et fonctionnel du système latéral du bar, Dicentrarchus labrax (L.), puis d'observer les conséquences comportementales induites sur des groupes d'individus évoluant dans des conditions contrôlées de laboratoire. Une étude préliminaire des caractéristiques morphologiques et de la distribution spatiale des neuromastes composant le système latéral du bar a révélé la présence de deux types de neuromastes (superficiels et canaux) répartis sur la tête, le tronc et la queue. Le gradient décroissant de capacité sensorielle, mis en évidence de l'extrémité rostrale à l'extrémité caudale de la ligne latérale troncale du bar, est très original et pourrait jouer un rôle dans le fonctionnement du système latéral. L'axe de sensibilité majeure des deux types de neuromastes du système latéral troncal s’aligne selon l'axe longitudinal du poisson, ce qui lui confère une sensibilité accrue aux stimuli appliqués le long de son corps. L'inactivation artificielle du système latéral du poisson entraîne une réduction de son exploration verticale de l'habitat. Par contre, aucun effet sur sa prise alimentaire nocturne n’est constaté lorsque cette prise est constituée de proies inertes ; un système de compensation sensorielle orienté sur le système olfactif se mettant en place très rapidement. Les conséquences comportementales d'une exposition aiguë du bar à l'ion métallique cadmium ont ensuite été examinées. Le cadmium à forte concentration dans l'eau de mer (5 µg.l-1) a un effet inhibiteur sur la réponse de fuite des poissons face à un danger. Cet effet comportemental s'accompagne de la destruction des deux types de neuromastes composant le système latéral. Après 21 jours, on constate une régénération des tissus des neuromastes, ainsi qu'une restauration du comportement de fuite des poissons. Par contre, lors de l'exposition aiguë au cadmium à la concentration rencontrée en milieu naturel contaminé (0,5 µg.l-1), le comportement de fuite du poisson n'est pas modifié et les tissus des neuromastes demeurent intacts. Cependant, les stimuli appliqués lors de cette étude pour simuler un danger étant relativement forts, on peut se demander si après une exposition aiguë au cadmium à 0,5 µg.l-1, le bar serait toujours capable de détecter le mouvement ténu d'une proie vivante mobile. Ce travail mériterait d'être poursuivi par des études visant à déterminer la concentration seuil de cadmium responsable de dommages tissulaires au niveau des neuromastes et celle causant des désordres comportementaux. Il serait également intéressant d'examiner l'effet synergique des ions métalliques présents dans le milieu naturel (cadmium, cobalt, cuivre, mercure, nickel, plomb, zinc, etc.…) sur le système latéral et le comportement du bar