Rôle de la biopsie percutanée dans l’évaluation des tumeurs rénales : qu’en attendre en 2019 et quelles perspectives ?

Abstract

Médecine. Anatomie et cytologie pathologiquesRésumé : les biopsies des tumeurs rénales (BR) ont montré leur intérêt en particulier en cas de découverte radiologique fortuite d’une masse rénale, bénigne dans une proportion significative de cas, et en situation métastatique, où le traitement systémique adjuvant peut être indiqué en fonction des données histopathologiques. Leur pratique s’est ainsi généralisée. Notre objectif était d’évaluer les possibilités techniques, diagnostiques et pronostiques qu’offre ce matériel restreint, afin de préciser les recommandations pour l’imageur et le pathologiste. Au total, 487 biopsies (452 patients) ont été revues. Le type tumoral, le sous-type histologique ainsi que les facteurs histo-pronostiques (grade nucléolaire ISUP (International Society of Urology Pathology), nécrose tumorale, microangioinvasion, composante sarcomatoïde/rhabdoïde et extension au tissu adipeux péri-rénal) ont été réévalués et reclassifiés si nécessaire. Un diagnostic de tumeur était possible dans 90% des cas (88% de lésions malignes, 10% bénignes et 2% de malignité incertaine). La réalisation de nombreux examens immunohistochimiques et moléculaires a été possible sur ce matériel tumoral exigu (9 mm en moyenne), permettant l’identification de tumeurs rénales rares (3,5%). Cependant, 10% des biopsies s’avéraient non informatives, en rapport avec une tumeur macroscopiquement plus petite. Parmi ces BR non informatives, certaines étaient réalisées de façon concommittante au traitement ablatif, ne permettant pas de diagnostic de lésion. Ces données ont été comparées aux pièces opératoires correspondantes lorsque celles-ci étaient accessibles (101 néphrectomies, soit 97 patients). Le caractère malin pouvait être établi sur biopsie avec une bonne sensibilité et spécificité (97% et 100%). La concordance était presque parfaite pour le type tumoral (K=0,953) et forte pour le sous-type histologique (K=0,78). Le grade ISUP était sous-estimé dans 51% des biopsies (K=0,227). L’hétérogénéité du grade, classiquement décrite sur pièces opératoires, a été relevée dans 15% des biopsies. Les autres facteurs histopronostiques présentaient une spécificité et une valeur prédictive positive élevées mais une faible sensibilité, liée à un défaut de représentation sur biopsie et/ou à une tumeur macroscopiquement plus importante. Par ailleurs, la relecture de l’ensemble des 487 biopsies a permis, à la lumière des connaissances actuelles et après réalisation éventuelle de nouveaux examens immunohistochimiques la modification de 5,5% des diagnostics initiaux (soit 26 biopsies). Notre travail souligne la fiabilité de la biopsie, devant le faible nombre de complications. La meilleure connaissance des différentes entités tumorales ainsi que de leur profil immunohistochimique et moléculaire ont permis, sur cette étude rétrospective, de préciser le diagnostic et ce, malgré la petite taille du matériel. Nos résultats illustrent également l’importance de différer la biopsie du geste thérapeutique et le besoin d’adapter les prélèvements en fonction de la taille et la présentation radiologique de la tumeur afin d’en améliorer la pertinence diagnostique et pronostique. Ces précisions apportées par la biopsie rénale s’avèrent primordiales à l’heure où l’éventail thérapeutique du cancer rénal est en pleine évolution.Summary : percutaneous renal biopsies are commonly performed for the diagnosis and management of tumor incidentally discovered on imaging or at a metastatic stage. Our study aimed to assess the technical possibilities and the diagnostic and prognostic yield that this biopsy material provides, the goal being to refine curent guidelines for radiologists and pathologists. A total of the 487 biopsies (452 patients) were reviewed. Tumor type, histological subtype and prognostic factors (lnternational Society of Urological Pathology nucleolar grade, necrosis, microscopic vascular invasion, sarcomatoid/rhabdoid component and extension into adipose tissue) have been reassessed. A tumor diagnosis was made in 90% of cases (88% malignant, 10% benign, and 2% uncertain malignancy). The small biopsy tumoral material (mean length : 9 mm) did enable to perform a number of immunohistochemical and molecular tests, allowing identification of rare kidney tumors. However, 10% of biopsies were non-diagnostic, related to a smaller tumoral macroscopic size in those patients, some of which have received concomitant ablative therapy. These datas were compared, when available (101 biopsies) to those obtained from corresponding partial or radical nephrectomy. The diagnosis ol malignancy exhibited high sensitivity and specificity on biopsy (97% and 100%). Agreement was almost perfect regarding tumor type (K=0.953), mainly renal cell carcinoma, and strong regarding histological subtype (K=0.78). ISUP grade was underestimated in 51% of the biopsies (K=0.227), with a heterogeneous pattern already observed at the level of the biopsy sample in 15% of the cases. The other histological prognostic factors showed high specificity and positive predictive value but low sensitivity owing to their insufficient quantity on the biopsy and/or to a macroscopically larger tumor. Our second reading combined with additional immunohistochemical analyses led to the reclassification of 5.5% of the diagnoses of all the 487 biopsies. Our study confirms the reliability of renal tumor biopsy, availing of additional techniques to deliver an accurate diagnosis, despite the small amount of material. lt also shows the utility to delaying biopsy in case of ablation therapy. Above all, it emphasizes the need to tailor samplin to the size and radiological characteristics of the tumor to improve the diagnostic and histological prognostic performance. As the therapeutic arsenal in kidney cancer is rapidly evolving, the place for renal biopsy appears now primordial

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