Mettre en évidence la relation entre occupation humaine et distribution de la
végétation est l’un des points abordés par CoForChange. Les récentes études
montrent que les perturbations anthropiques ont eu une influence sur la végétation,
permettant notamment l’expansion des espèces héliophiles (cf. Lettre
n° 4). Pour contribuer à cette analyse dans un contexte de grande rareté des
données anthracologiques en Afrique, nous avons, dans le cadre d’un master,
choisi d’étudier les charbons de bois issus de neuf fosses pédologiques du
projet CoForChange. L’objectif était d’appréhender les compositions floristiques
actuelle et passée des forêts au regard des perturbations passées. Deux
protocoles anthracologiques d’identification ont été testés : a) à l’échelle de
l’espèce, par une description des caractères anatomiques des charbons de
bois, une recherche sur la base de données en ligne InsideWood et une comparaison
anatomique au Xylarium de Tervuren ; b) à l’échelle de la communauté,
par une recherche des relations statistiques entre traits écologiques des
espèces et anatomie du bois.
Les résultats montrent que la diversité taxonomique sous les forêts à Marantaceae
est plus grande que sous les forêts denses de terre ferme. Trois identifications
ont été obtenues sur 48 taxons décrits : Gilbertiodendron dewevrei sous forêt
monodominante à G. dewevrei (GIB1 à 40 cm de profondeur, 1 510 ± 30 années
cal. BP (calibrated before present), Millettia drastica et Pterocarpus soyauxii sous forêt clairsemée
à Marantaceae (F9 à 40 cm, 1 200 ± 30 cal. BP). Notre hypothèse est que les
peuplements monodominants à G. dewevrei sont relativement stables. Quant à P.
soyauxii, la proportion de cette espèce héliophile semble décroître au cours du
temps (niveaux entre 20 et 40 cm) au profit desMarantaceae. Un autre résultat
porte sur l’absence de Triplochiton scleroxylon sous T. scleroxylon, ce qui pourrait confirmer
l’hypothèse du caractère récent de ces peuplements. Les résultats portant
sur la relation entre anatomie du bois et traits fonctionnels restant
préliminaires, cette recherche sera poursuivie en thèse de doctorat.
Les développements actuels de l’anthracologie pour l’Afrique tropicale permettent
désormais d’envisager un plus grand nombre d’identifications par
échantillon et ainsi une meilleure connaissance de l’évolution des forêts tropicales