Le Mur de la Honte : recherche d’inclusion dans la ville et de citoyenneté depuis les marges de Lima : ethnographie de San Francisco de La Tablada de Lurín
Cette thèse est le résultat d’une longue enquête ethnographique réalisée sur le mode de l’observation participante dans des quartiers marginaux d’une mégapole latino-américaine: Lima. Elle met en évidence la ségrégation sociale instaurée dès la colonisation espagnole et maintenue au cours des siècles ainsi que les façons dont les personnes réagissent à leur marginalisation. Le texte démontre que les migrations massives de paysans pauvres vers les villes peuvent être considérées comme une forme de révolution (Matos Mar 2012). Elles sont l’expression du refus de l’exclusion sociale historiquement construite et une manière de revendiquer un statut de citoyen de plein droit. Sous l’influence des migrations la ville se transforme. Dans ses marges un peuple métis voit le jour. Il rassemble des habitants issus de tout le pays. Mais, les discriminations socio-économiques et culturelles restent fortes. Un mur urbain, Le Mur de la Honte, érigé pour séparer les quartiers huppés des quartiers populaires du Sud de Lima, symbolise et marque dans l’espace la ségrégation sociale. La révolution n’aboutit que partiellement. La recherche décrit aussi les parcours des personnes et des familles qui vivent dans les marges. Y sont racontées les stratégies de débrouille et l’informalité pour aller de l’avant dans une vie dure. Au fil des pages se dessine la dimension structurelle de la dualité sociale et son imbrication dans un projet économique néo-libéral. Dans un contexte d’explosion démographique, les terrains habilités par les migrants deviennent le nouvel Eldorado. Ils attirent la convoitise d’investisseurs et de groupes hors-la-loi. Une violence prédatrice multiforme s’incruste dans le quotidien. Pour y faire face, les habitants développent des stratégies de résistance à la déshumanisation et à la dépossession qui, à leur façon, suggèrent aussi d’autres modèles de villes et de sociétés.(POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 201