L'influence des Carrache en France : pour un premier bilan

Abstract

L'influence des Carrache sur l'art français est acceptée comme un fait : mais général et vague. Cette étude s'efforce de distinguer plusieurs approches, dont chacune pourrait donner lieu à des enquêtes particulières. La première porte sur les modalités de cette influence : lieu des contacts (Rome, Bologne), rôle de l'estampe, rôle des collections romaines et parisiennes, importance relative des élèves (l'Albane, le Dominiquin, etc.) par rapport aux Carraches eux-mêmes. La seconde porte sur le domaine où s'est exercée cette influence : un vocabulaire de formes, souvent joint à une syntaxe (exemple de Sébastien Bourdon), mais aussi une certaine conception de l'art, fondée sur le passage de l'observation concrète au style, soit l'union intime du réel et de l'«idée», et une certaine conception de l'artiste, qui place au premier rang de ses ambitions la grande peinture religieuse et mythologique, sans pour autant rejeter aucun autre genre. La troisième s'efforce de distinguer, pour la France, les vicissitudes historiques qui ont affecté le prestige des Carrache : gloire relativement tardive (après 1630), vite portée à son sommet (ca. 1660-1670), mais déclinant très fortement au temps des «coloristes» et de Boucher pour se retrouver soudain au zénith avec le « néoclassicisme »; puis avec le romantisme chute rapide, qui atteint au total discrédit vers 1675-1910, avant la réhabilitation que réclament Marcel Raymond (1910), Henry Lemonnier (1911) et Gabriel Rouchès (1913). Mais dès ce temps le prestige des Carrache ne se traduit plus en termes d'« influence » sur la peinture vivante (dernier exemple avec Manet).Thuillier Jacques. L'influence des Carrache en France : pour un premier bilan. In: Les Carrache et les décors profanes. Actes du colloque de Rome (2-4 octobre 1986) Rome : École Française de Rome, 1988. pp. 421-455. (Publications de l'École française de Rome, 106

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