L'omniprésence de l'écrit offert au regard du passant apparaît à l'époque impériale comme une spécificité de la ville romaine. Les usages de l'écriture à Rome, sa place et ses fonctions dans l'espace public, méritent d'être étudiés pour eux-mêmes, même si la Rome impériale ne marque de tous ces points de vue aucune « transition » ni aucune rupture. Après avoir dressé un inventaire - à compléter - des formes d'écriture volontairement proposée au public, l'auteur présente un certain nombre d'observations sur les liens entre affichage durable et publication, sur le statut de l'original, sur les lieux d'affichage, sur l'usage de l'écriture dans la pratique romaine du pouvoir, sur l'expression de l'opinion publique aux marges de l'oral et de l'écrit, sur le goût pour les jeux d'écriture. L'auteur s'interroge enfin sur les lecteurs de ces textes. À ses yeux, l'écriture publique témoigne à Rome pour une catégorie qui ne se confond ni avec l'alphabétisation restreinte, ni avec l'alphabétisation de masse, mais correspond à une alphabétisation pauvre, largement répandue. Une alphabétisation pauvre par le contenu des textes qu'elle peut reconnaître, par la maîtrise tâtonnante de l'écriture, par la place importante faite à la mémoire, par le rapport permanent entre l'oral et l'écrit.Corbier Mireille. L'écriture dans l'espace public romain.. In: L'Urbs : espace urbain et histoire (Ier siècle av. J.-C. - IIIe siècle ap. J.-C.). Actes du colloque international de Rome (8-12 mai 1985) Rome : École Française de Rome, 1987. pp. 27-60. (Publications de l'École française de Rome, 98
