thesis

La dynamique des espèces et des peuplements après feu dans la pessière de la ceinture d'argile du Québec

Abstract

Se situant dans le cadre d'une démarche qui vise l'instauration d'un aménagement écosystémique, l'objectif principal de l'étude était de décrire les changements de structure et de composition qui se produisent lorsqu'il y a absence prolongée du feu dans la pessière du nord-ouest de l'Abitibi. À l'échelle du paysage, l'étude démontre que les séries évolutives au sein de ce paysage se retrouvent dans des proportions différentes selon les dépôts de surface. Si nous retrouvons presque exclusivement des peuplements dominés par l'épinette noire (Picea mariana) sur dépôt organique, le pin gris (Pin us banksiana) domine la canopée de 40% des peuplements jeunes(< 100 ans) sur dépôts grossiers et 10% de ceux-ci sur dépôt fins, tandis que les espèces feuillues (Populus tremuloides et Be tula papyrifera) dominent 20% des peuplements jeunes sur dépôts fins et grossiers. Toutefois, peu importe les dépôts de surface, nos résultats suggèrent que l'absence du feu engendre une convergence vers des peuplements dominés par l'épinette noire. La structure des peuplements au sein de ce paysage est caractérisée par une grande variabilité dans les types de structures de peuplements au sein des jeunes classes d'ages(< 100 ans), qui disparaissent en absence du feu. La baisse en surface terrière et en densité associée à l'absence du feu suggère que nous observons également sur ce territoire une convergence dans la structure des peuplements vers des peuplements ouverts. Par ailleurs, l'abondance sur les différents dépôts de surface des espèces secondaires (Abies balsamea et La rix laricina) suggère que l'entourbement est un facteur important qui pourrait expliquer la trajectoire des séries évolutives sur les différents dépôts de surface. Nos résultats démontrent que la composition des arbres après feu (Pinus vs Picea) a peu d'incidence sur l'accumulation de matière organique au sol, la structure des peuplements ou la composition du sous-bois. Néanmoins, notre étude suggère que la sévérité du dernier feu (épaisseur de la matière organique résiduelle) a des effets considérables sur l'évolution des peuplements. Après un feu sévère (consommation complète de la matière organique), nous observons un recrutement massif de semis qui engendre la formation rapide d'une canopée fermée et d'un sous-bois dominé par les mousses hypnacées. Toutefois, l'absence prolongée du feu (< 100 ans) engendre une accumulation constante de matière organique au sol, une ouverture de la canopée et un remplacement dans le sous-bois des mousses hypnacées par Sphagnum spp et le Ledum groenlandicum. Après feu peu sévère (consommation partielle de la matière organique), la dynamique des peuplements se résume par une faible régénération et faible croissance des arbres après feu ce qu'inhibent la fermeture de la canopée, favorisant l'accumulation de la matière organique et un envahissement précoce dans le sous-bois par les Sphagnum spp et L. groenlandicum. Ainsi, quoique la sévérité du dernier feu engendre une divergence dans les types de peuplements à court terme, l'absence prolongée du feu (<200 ans) engendre une convergence dans la composition et la structure des peuplements résineux sur dépôts fins. Les résultats de notre étude permettent de questionner l'applicabilité de la Coupe avec Protection de la Régénération et des Sols (CPRS). Les effets des CPRS, qui protègent par définition la matière organique accumulée au sol, ressemblent aux effets des feux peu sévères. Puisque la productivité forestière est significativement réduite après un feu peu sévère en comparaison à celles après un feu sévère, nous préconisons que l'industrie forestière entreprenne des approches sylvicoles qui s'inspirent des effets des feux sévères afin d'assurer le maintien de la productivité forestière et la diversité des types de peuplements après feu au sein de ce paysage. Cela se traduit par l'application d'approches qui «tuent» la majorité des arbres (coupe totale), éliminent la matière organique accumulée au sol (préparation mécanique, brûlage dirigé, etc.) et qui sont ensuite régénéré à forte densité (plantation à haute densité, 4000-5000 tiges 1 ha)

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