Delafontaine, Ramses

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 Lectures  Les comptes rendusGilbert Bosetti, Trieste, Port des Habsbourg 1719-1915 :De l’intégration des immigrés à la désintégration ducreuset (FR)Ramses DelafontaineÉdition électroniqueURL : http://lectures.revues.org/23275ISSN : 2116-5289ÉditeurCentre Max WeberCe document vous est offert parBibliothèque Diderot de LyonRéférence électroniqueRamses Delafontaine, « Gilbert Bosetti, Trieste, Port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration desimmigrés à la désintégration du creuset (FR) », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2017, mis enligne le 13 juillet 2017, consulté le 12 septembre 2017. URL : http://lectures.revues.org/23275 Ce document a été généré automatiquement le 12 septembre 2017.© Lectures - Toute reproduction interdite sans autorisation explicite de la rédaction / Any replication issubmitted to the authorization of the editorsGilbert Bosetti, Trieste, Port desHabsbourg 1719-1915 : De l’intégrationdes immigrés à la désintégration ducreuset (FR)Ramses Delafontaine1 Le livre de Gilbert Bosetti, italianiste et professeur honoraire de l’Université de Grenoble,est issue d’un projet de recherche soutenu par le CNRS qui réfléchit sur des défis sociauxcomme le pluralisme religieux, l’intégration par la langue, le statut des minorités et lesidentités nationales en l’Europe. Trieste, Port des Habsbourg est divisé en trois parties. Lapremière partie analyse l’histoire de Trieste depuis sa désignation comme port  francen 1719 jusqu’à 1813, date à laquelle la ville retourne à l’empire d’Autriche après en avoirété  exclue  brièvement  durant  le  Premier  Empire.  Dans  la  deuxième  partie  du  livre,l’auteur décrit l’âge d’or de Trieste au XIXe siècle. Dans la partie finale, Bosetti présente lacroissance des sentiments nationalistes – en particulier l’irrédentisme italien – et l’effetdu nationalisme sur Trieste jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Le livre eststructuré sous la forme d’une séquence de petites enquêtes, lesquelles ne dépassent pasquatre pages. 2 Bosetti  dépeint une histoire longue de plus de deux cents ans.  Il  commence en 1719,quand Charles VI institue le port franc, et poursuit jusqu’en 1915, lorsque l’Italie entredans la Grande Guerre. Cependant, Bosetti réussit à incorporer une grande quantité dedétails dans son livre. On y croise des Italiens, des Slovènes, des Juifs,  des Grecs,  desLevantins,  des  Albanais,  des  Serbes,  des  Croates,  des  Illyriens,  des  Helvètes,  desAllemands,  des  Autrichiens,  des  Hongrois,  des  Moraves,  des  Tchèques,  des  gens  deBohême, des Flamands, des Scandinaves, des Anglais, des Turcs,  des Roumains, etc.  Àtravers  de  ces  histoires  courtes,  Bosetti  décrit  le  succès  des  familles  de  différentesorigines ethniques, mais aussi de différentes dénominations. À Trieste, on rencontre descatholiques, des protestants, des musulmans, des chrétiens orthodoxes, des juifs, maisGilbert Bosetti, Trieste, Port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des...Lectures , Les comptes rendus1aussi des familles laïcisées. Les protagonistes sont des banquiers, des capitaines au longcours, des entrepreneurs immigrés spécialisés dans le commerce maritime, des patronsde  sociétés  d’import-export  ou  d’assurance  de  commerce.  Bosetti  évoque  égalementplusieurs romanciers et politiciens du XIXe siècle et présente des histoires sur l’opéra, lesarts, l’architecture et les sciences, et plus largement sur la culture des élites. En revanche,les anonymes, les hommes et femmes du commun qui habitaient et travaillaient à Triestesont presque complètement absents du livre.3 Les élites triestines s’engageaient dans des mariages intercommunautaires civils, parfoispar intérêt commercial, qui a leur tour contribuaient, d’après Bosetti, à la laïcisation desimmigrés élitaires. Selon lui, « les mariages mixtes étaient à la fois la cause et l’effet derapprochements  intercommunautaires »  (p. 141),  transcendant  les  appartenancesreligieuses.  Un aspect  important  de la  vie  des  immigrés à  Trieste tient  au fait  qu’ilsétaient libres de fonder leurs propres établissements éducatifs et d’y utiliser leur langue.Sur ce point, Bosetti constate qu’« à Trieste, l’identité nationale n’était pas fondée par lesang, mais par la langue, vecteur de la culture » (p. 243). Selon lui, l’intégration à Triestepassait par la commerce : « Si la religion divise les sectaires, le commerce rassemble »(p. 76). C’est l’âme commerciale qui pourrait expliquer le succès du creuset au XIXe siècle.Bosetti  en est persuadé :  « En période de croissance économique, le libre-échange desmarchandises favorise une libéralisation des mœurs et coutumes face à la pesanteur destraditions culturelles » (p. 151).  Toutefois,  il  me semble que cette thèse ne s’appliquequ’aux immigrants engagés dans le grand commerce.4 Si  le  sous-titre  indique  l’ambition  du  livre  d’interroger  les  complexes  réalités  del’immigration triestine, l’ouvrage ne parvient pas à cet objectif. Les quelques indicationsque  Bosetti  donne  sur  l’importance  du  commerce,  de  la  religion,  de  la  langue,  del’assimilation culturelle et du nationalisme sont intéressants pour comprendre le succès,les  défis  et  la  désintégration  du  creuset  Trieste. Mais  l’analyse  manque  deproblématisation et  de  méthodologie.  Quelles  archives  ont-elles  été  consultées ?  Quelgenre  de  sources  l’auteur  a-t-il  utilisé?  Notons  aussi  l’absence  d’historiographieanglophone ou germanophone sur Trieste. Un l’état de l’art aurait pu être ajouté pourmieux situer l’ouvrage dans la littérature sur Trieste et celle sur l’empire d’Autriche et sesstratégies  pour faire face à  une composition multi-ethnique et  multi-religieuse de sapopulation. Dans le livre, on trouve peu de références à des sources originales, hormis despublications littéraires. Ce point rend difficile l’exploitation par les autres chercheurs dela  richesse  des  multiples  petites  histoires  que  présente  Bosetti.  Son intérêt  pour  lessources littéraires pourrait d’ailleurs expliquer la dominance des élites dans le livre.5 Malgré ces manquements manifestes, l’ouvrage permet d’apprendre beaucoup sur Triesteet ses habitants et de comprendre les problèmes et les peurs, mais aussi les ambitions, lafierté identitaire et l’indépendance de ces immigrés venus à Trieste du temps de l’Empiredes Habsbourg. Fournir cette expérience historique au lecteur est l’un des objectifs de larecherche historique légitime, qui est souvent oublié. Bosetti ne semble pas avoir écrit cetouvrage dans le but d’expliquer l’intégration des immigrés à Trieste. Il a décrit Trieste etla vie des immigrants à Trieste. Par ses descriptions vivantes, il nous donne l’opportunitéde réfléchir sur le sujet de l’immigration avec des exemples historiques.6 L’histoire du Trieste entre 1719 et 1915 se raconte comme une tragédie qui finit avec ladésintégration du creuset, du fait des tensions intercommunautaires, particulièrementcelles entre les bourgeoisies nationalistes italiennes et slovènes. Bosetti conclut, non sansGilbert Bosetti, Trieste, Port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des...Lectures , Les comptes rendus2dramatisme,  que  le  démembrement  du  creuset  triestin  a  marqué  « la  ruine  d’unefraternité européenne » (p. 321).AUTEURRAMSES DELAFONTAINEDiplômé en histoire de l’Université de Gand (2013), Ramses Delafontaine est aspirant FWO audépartement d'histoire de l'Université de Gand depuis octobre 2014. Il étudie l’utilisation desarguments historiques dans le contexte judiciaire ainsi que la figure de l’historien comme témoinextraordinaire au tribunal. Sa recherche se concentre en particulier sur les litiges liés au tabacaux États-Unis. Fin avril 2015, sa première monographie est parue chez Springer InternationalPublishing sous le titre Historians as Expert Judicial Witnesses in Tobacco Litigation: A ControversialLegal Practice. Ses recherches s’étendent également à la philosophe de l’histoire, l’histoirepublique et l’histoire du droit. Il est membre du comité d’organisation de l’International Networkon Theory of History [INTH]. Lors de l’année académique 2015-2016, il a poursuivi ses recherches àl’Université de Stanford en tant que Fulbright Fellow. Il poursuit actuellement la rédaction de sathèse de doctorat. Lien personnel : www.thejudgeandthehistorian.ugent.be.Gilbert Bosetti, Trieste, Port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des...Lectures , Les comptes rendus3

Gilbert Bosetti, Trieste, Port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des immigrés à la désintégration du creuset (FR)

 Lectures  Les comptes rendusGilbert Bosetti, Trieste, port des Habsbourg 1719-1915 :De l’intégration des immigrés à la désintégration ducreuset (EN)Ramses DelafontaineÉdition électroniqueURL : http://lectures.revues.org/23276ISSN : 2116-5289ÉditeurCentre Max WeberCe document vous est offert parBibliothèque Diderot de LyonRéférence électroniqueRamses Delafontaine, « Gilbert Bosetti, Trieste, port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration desimmigrés à la désintégration du creuset (EN) », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2017, mis enligne le 13 juillet 2017, consulté le 12 septembre 2017. URL : http://lectures.revues.org/23276 Ce document a été généré automatiquement le 12 septembre 2017.© Lectures - Toute reproduction interdite sans autorisation explicite de la rédaction / Any replication issubmitted to the authorization of the editorsGilbert Bosetti, Trieste, port desHabsbourg 1719-1915 : De l’intégrationdes immigrés à la désintégration ducreuset (EN)Ramses Delafontaine1 This book, written in French by Gilbert Bosetti, Italianist and honorary professor of theUniversity of Grenoble, is part of a research project supported by the CNRS on socialchallenges such as religious pluralism, integration through the mastery of a language,and the condition of minorities and national identities in Europe. Trieste, harbour of theHabsburgs is divided into three parts. The first part analyses the history of Trieste from itsdesignation as  a  free port  in 1719 until 1813 when the city  returned to the AustrianEmpire after a brief period of incorporation into the first French empire. In the secondpart of the book the author describes the golden age of Trieste in the nineteenth centuryand the high point of the melting pot of immigrants (creuset). In the final part Bosettipresents the growth of nationalistic sentiments – especially Italian Irredentism – and itseffects on Trieste up to the start of the First World War. The book consists of small storieswhich are not longer than four pages. 2 Bosetti has written a long history of over two centuries. He starts in 1719 when Charles VIinstituted the free port and finishes in 1915 when Italy entered the First World War.Nonetheless, the author manages to include a large quantity of detail in his book. Hewrites  about  Italians,  Slovenians,  Jews,  Greeks,  Albanians,  Serbs,  Croatians,  Illyrians,Swiss,  Germans,  Austrians,  Hungarians,  Moravians,  Czechs,  Bohemians,  Flemish,Scandinavians, English, Turks, and Romanians, etc. With short histories Bosetti describesthe  success  of  immigrant  families  of  different  ethnic  but  also  of  different  religiousbackgrounds.  In  Austrian-governed  Trieste  we  meet  Catholics,  Protestants,  Muslims,Orthodox  Christians,  Jews,  and  also  families  who  were,  except  for  the  sake  ofappearances, secularized. The protagonists of Bosetti’s short histories are bankers, longGilbert Bosetti, Trieste, port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des...Lectures , Les comptes rendus1distance sea captains, business immigrants involved in maritime trade, the managers ofimport and export companies, and the managers of insurance companies of trade andespecially maritime trade. From the nineteenth century onwards Bosetti adds romancersand politicians to his stories as well as the opera, the arts and sciences, architecture andother cultural activities mainly reserved for the elites of Trieste. The unnamed, the littlemen  and  women  who  lived  and  worked  in  Trieste  are,  on  the  other  hand,  almostcompletely absent from the book.3 The elites  of  Trieste,  sometimes  for  the  benefit  of  commercial  interests,  engaged inintercommunity  civil  marriages  which  in  their  own  turn  contributed,  according  toBosetti,  to  the  secularization  of  immigrant  elites.  Bosetti  writes  that  “The  mixedmarriages  were  at  times  the  cause  and  the  effect  of  conciliations  between  thecommunities” (p. 141) which transcended their religious denominations. The liberty andthe right to have their own educational facilities and the right to use one’s native tonguein school was also an important aspect of the immigrant’s life in Trieste. IntriguinglyBosetti adds on this point that “in Trieste national identity was not founded on blood buton language, the carrier of culture” (p. 243). Bosetti tells us that integration in Triestehappened because of commerce: “When religion divides the sectarians, trade brings themback together” (p. 76). The author concludes that business obliged and that it was thecommercial  attitude  of  the  immigrants  which  explained  the  success  of  migrantintegration in Trieste in the nineteenth century. Bosetti is clear on this point: “In a periodof economic growth, the free exchange of goods favors a liberalization of attitudes andtraditions in the face of the weight of religious traditions” (p. 151). I do not share Bosetti’sconviction of the total validity of this rule. I think Bosetti’s rule furthermore does nothold up for those immigrants not engaged in high-stakes commerce and who had to selltheir labor.4 Despite the subtitle which indicates that the book has the ambition of answering difficultquestions on immigration, the book does not achieve that goal. Bosetti does indeed drawour attention to the importance of trade, religion, language, cultural assimilation, andnationalism as essential elements of an understanding of the success, the challenges andthe  disintegration  of  the  melting  pot  in  Trieste.  But  the  analysis  misses  a  researchquestion as well as a discussion of the employed methodology. What archives did Bosetticonsult? Which source genres has he used? I also have to note the absence of English orGerman historiography on Trieste. A state of the art would not have gone amiss as itwould have helped to situate the work in the literature on Trieste and the Austrianempire and how that state coped with its challenging multi-ethnic and multi-religiouscomposition. Despite the detail of the concise stories, I found few references to primarysources –  with the exception of  published literary works –  with the result  that  it  isdifficult  for  other  researchers  to  share  in  the  descriptive  richness  of  Bosetti’s  shorthistories. The focus on literary works might help explain the dominance of migrant elitesin Bosetti’s work.5 Notwithstanding the fundamental nature of these missing parts, I learned a lot on Triesteand  its  inhabitants.  I  am  left  with  the  historical  experience  of  having  met  severalimmigrants that came to Trieste in the time of the Habsburg empire. I  have come tounderstand their problems and their fears but also their ambitions, their pride, and theirindependent nature. This historical experience is a goal of historical scholarship in itsown right, often forgotten. Bosetti, in my opinion, did not write this book to advance bigexplanations on the integration of immigrants in Trieste. Instead he chose to describeGilbert Bosetti, Trieste, port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des...Lectures , Les comptes rendus2Trieste and the immigrants that arrived there during the rule of the Austrian emperors.Through his vivid descriptions, he has given us the opportunity to reflect on the subjectof immigration with historical examples.6 The history of Trieste between 1719 and 1915 is told as a tragedy which ends with thedisintegration of the melting pot because of intercommunity tensions, especially betweenthe  Italian  and  Slovenian  bourgeoisies.  Bosetti  woefully  concludes  that  “it  was  thedismemberment  of  the Triestine melting pot  and the ruin of  a  European fraternity”(p. 321).AUTEURRAMSES DELAFONTAINERamses Delafontaine started his Ph.D. at the history department of Ghent University in 2014. Hestudies the judicial use of historical argumentation with a focus on historians serving as anexpert witnesses in legal proceedings. His primary case study is tobacco litigation in the US. Hisfirst monograph, which was published with Springer International Publishing in April of 2015, isentitled: Historians as Expert judicial witnesses in tobacco litigation: a controversial legal practice.Delafontaine’s research combines philosophy of history, public history, and legal history. He is amember of the organizing committee of the International Network for Theory of History [INTH].From 2015 to 2016 he was a Fulbright visiting researcher at Stanford University. Currently he iswriting his PhD dissertation. Personal website: www.thejudgeandthehistorian.ugent.be.Gilbert Bosetti, Trieste, port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des...Lectures , Les comptes rendus3

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Gilbert Bosetti, Trieste, port des Habsbourg 1719-1915 : De l’intégration des immigrés à la désintégration du creuset (EN)

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