La guerre des sexes n'aura pas lieu

Abstract

La guerre des sexes n'aura pas lieu À l'heure où nous tentons de définir les futures options de partenariat entre l'UE et les États ACP, nous devons faire valoir le rôle majeur des femmes dans l'agriculture. Alors qu'elles assument le plus gros des travaux agricoles et de la transformation, elles ne font pratiquement que survivre dans un secteur dominé par les hommes. Nous devons faire de l'équité entre hommes et femmes un souci dominant et une composante à part entière de la gestion des initiatives et du développement agricole. Le Livre vert publié par l'UE en septembre 1997 évoquait de nouveaux partenariats, notamment une participation plus active des acteurs non gouvernementaux. Il englobait nombre d'objectifs complémentaires, parmi lesquels la lutte contre la pauvreté, la promotion du développement durable et l'intégration progressive de l'agriculture des pays ACP dans l'économie mondiale. Tout en préconisant une croissance économique fondée sur la compétition et le développement du secteur privé par le biais de l'intégration régionale et du développement du commerce, ce document cherchait à combiner les intérêts de l'économie, de l'environnement et de la société, tout en tenant compte de la variabilité des situations d'un pays à l'autre (processus de différenciation). En guise de réponse, le groupe ACP élaborait la Déclaration de Libreville en novembre 1997. Ce document invitait à une plus grande unité et mettait l'accent sur trois axes prioritaires : la croissance, la compétitivité et l'emploi, les politiques sociales et culturelles, et l'intégration régionale. Tous trois étaient sous-tendus par des principes directeurs : le soutien aux institutions et le renforcement des capacités, la prise en compte des spécificités hommes/femmes et une gestion durable de l'environnement. Ces choix stratégiques ont été réaffirmés en mai 1998 par le Comité des ambassadeurs ACP et le Forum des ONG ACP. Ils mettent l'accent sur l'élimination de la pauvreté et sur la promotion de l'égalité des sexes, ainsi que sur les préoccupations liées à leur spécificité dans les cycles des projets : les femmes sont tout autant participantes que bénéficiaires du processus de développement. Des objectifs ont été fixés pour garantir que les questions de genre soient parfaitement intégrées d'ici à l'an 2000. Mais, à moins que des mesures sérieuses ne soient prises pour les atteindre concrètement, ils sont pour l'heure très discutables. Viser plus juste Je suis convaincue que corriger l'inégalité évidente entre hommes et femmes est un préalable majeur à la mise au point de programmes sociaux et économiques dans les pays ACP. Car les femmes — particulièrement les femmes rurales à faibles ressources — y sont des intervenants clés. Dans le seul secteur agricole, leur rôle dans la production dépasse de loin leur rôle dans la reproduction. Actrices invisibles, leur contribution au développement socio-économique, à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté est mal comprise et le plus souvent délibérément sous-estimée. à l'échelle mondiale, les femmes produisent plus de la moitié des denrées alimentaires provenant des cultures. En Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes, elles produisent jusqu'à 80 % des aliments de base, mais reçoivent moins de 5 % des ressources en vulgarisation et formation. Qu'il s'agisse de production primaire, de conservation des ressources, de besoins en formation, de développement technologique, du foncier, ou de l'accès au crédit, la nécessité de cibler les vrais demandeurs ne sera jamais assez soulignée. Les institutions de développement doivent cesser de considérer les questions de genre comme une lutte de pouvoir entre hommes et femmes, et plutôt se demander qui est le premier client et l'utilisateur final des services qu'elles fournissent. La réponse à cette question déterminera les politiques de recrutement, les programmes de renforcement des capacités, l'affectation des ressources agricoles (terres, intrants), la mise au point de technologies appropriées et les stratégies de vulgarisation. Le débat post-Lomé indique la voie à suivre pour intégrer la notion de genre. Pour moi, les questions de genre touchent à tous les domaines et sont inséparables du développement agricole au sens large. Cependant, les institutions de pointe dans ce secteur doivent prendre des mesures fermes pour impliquer les femmes à tous les niveaux, si l'on veut que l'objectif de l'an 2000 devienne réalité. Nous voulons voir plus de femmes compétentes au niveau de la décision politique, plus de femmes spécialistes en vulgarisation et en économie domestique dans les institutions de recherche, dans les organismes de formation, dans les fermes, dans les usines de transformation et dans les salles de réunion. Plus de femmes à tous les niveaux de la chaîne agricole. Aidez les hommes ! J'exhorte les femmes des pays ACP* à renforcer leurs efforts d'organisation et à assister leurs partenaires masculins dans le développement afin de mettre en uvre des programmes de gestion qui ne les marginalisent plus. Les accords entre l'Union européenne et les pays ACP traduisent un engagement mutuel à faire valoir le rôle des femmes et leur potentiel à renverser la situation de pauvreté de leurs pays. Les mandats du CTA en gestion de l'information ont pour but d'améliorer l'accès aux technologies en vue d'augmenter la productivité agricole, le commerce, la sécurité alimentaire et le développement rural. L'accès des femmes à la décision dans les domaines du développement agricole et rural est au cur de ces mandats. J'espère que nos décisions récentes de renforcer le travail du CTA dans l'analyse des besoins particuliers des organisations de femmes rurales, de mettre davantage l'accent sur les services de vulgarisation, et de coopérer en priorité avec les institutions dont les programmes sont axés sur la lutte contre la pauvreté et sur le rôle des femmes dans l'agriculture, permettront d'aborder de front le problème du ciblage du « bon client » et d'offrir un exemple aux institutions nationales ACP. * Une enquête récente a montré que plus de 90 % des lecteurs de Spore sont masculins.À l'heure où nous tentons de définir les futures options de partenariat entre l'UE et les États ACP, nous devons faire valoir le rôle majeur des femmes dans l'agriculture. Alors qu'elles assument le plus gros des travaux agricoles et de la..

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