De la mystique contre-culturelle à un ailleurs écologique

Abstract

L’ailleurs géographique recherché par les voyageurs du 20ième siècle s’est souvent doublé d’une dimension spirituelle. Dans cette quête d’une source mystique à l’existence l’Orient est devenu pour les voyageurs occidentaux le lieu privilégié d’un ailleurs possible à un Occident souvent réduit à son rapport au monde matériel. Victor Segalen rêvait le Tibet comme un pays inaccessible et directement lié à un au-delà (Thibet, 1909/73), Ella Maillart de son côté échappa à la destruction de la deuxième guerre mondiale en se retirant dans un ashram à la recherche de la « sagesse » indienne (Ti-Puss, 1951) . Ces voyageurs ont ouvert la voie à ce qui deviendra plus tard le « hippie trail » qui vit des milliers de jeunes occidentaux sur les routes de l’Inde et du Népal. Pourtant du dialogue entre Maurice Chappaz et Jean-Marc Lovay (La Tentation de l’’Orient, 1970) au récit de Muriel Cerf (L’antivoyage, 1974) cet ailleurs espéré et rêvé n’a pas toujours su répondre aux aspirations des voyageurs. Au-delà de ce rapport à l’Orient, mon analyse établira une filiation entre cette quête mystique des années soixante et une prise de conscience écologique que l’on trouve dans les textes de certains voyageurs contemporains. Mon hypothèse sera de montrer comment cette poursuite spirituelle est transposée aujourd’hui dans la recherche d’une relation à la nature qui se donne à son tour comme critique de la modernité tout en essayant d’établir une nouvelle éthique au sein de la relation entre l’être humain et le monde. En me référant à des auteurs tels Sylvain Tesson ou Aude Seigne, j’établirai comment la nature, comme avant elle l’Orient, est instrumentalisée pour représenter un ailleurs qui se donne encore comme contre-culture tout en renvoyant à une dimension ésotérique

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