Quatre années de guerre au prisme de la langue : la correspondance de Jacques Vaché, soldat, interprète, et poète d’avant-garde

Abstract

Jacques Vaché (1895-1919) est passé à la postérité grâce à André Breton, chez qui il déclencha l’étincelle surréaliste lorsqu’ils se rencontrèrent à Nantes fin 1915, alors qu’ils étaient l’un hospitalisé après une blessure reçue sur le front de Champagne, l’autre infirmier militaire. Toute sa vie, le fondateur du surréalisme n’eut de cesse de rappeler cette influence déterminante. Une fois rétabli, Vaché retourna au front comme interprète auprès des armées anglophones et fut successivement au service des troupes britanniques, australiennes et américaines. Tout au long de la guerre, Vaché entretint une correspondance dont cent-cinquante-huit lettres sont actuellement connues. Elles sont adressées à ses parents, à une auxiliaire d’un hôpital militaire nantais et à plusieurs amis, dont J. Sarment, A. Breton, T. Fraenkel et L. Aragon. Appliquer le filtre de la langue à ce corpus permet d’en dégager trois thèmes principaux. D’abord décrypter le témoignage original d’un combattant, dont le ton déréalise très souvent la guerre, la rend lointaine, presque inoffensive. Ensuite offrir un aperçu précieux sur la vie d’un interprète et sur la question de la circulation des langues au front, à la fois entre soldats et entre militaires et civils. Enfin approfondir l’analyse d’une révolution esthétique qui voit le jour en pleine guerre. En effet, les lettres adressées aux futurs membres du groupe surréaliste, influencées par Jarry, dressant l’éloge de la vitesse et annonçant l’écriture automatique, contiennent autant d’éléments caractéristiques de la modernité littéraire des premières années du XXe siècle

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