Dans nos sociétés, l’intimité, l’amour et la sexualité contribuent à la construction identitaire et à l’édification de relations interpersonnelles. Dès lors, connaître l’amour sentimental et/ou érotique est un projet légitime pour se construire comme sujet et comme individu social. Mais qu’en est-il pour des personnes en situation de handicap qui, entravées par une déficience motrice, sont dépendantes d’autrui pour tous les gestes de la vie quotidienne et contraintes d’être accueillies en établissement spécialisé ? Ne se trouvent-elles pas exclues de facto? Comment, dans ces conditions, leurs aspirations s’expriment-elles, comment sont-elles comprises et prises en compte par les professionnels ? A fin d’appréhender les facilitateurs et les obstacles dans l’accès à une vie intime, amoureuse et sexuelle pour ces personnes, notre article, issu d’une recherche conduite auprès d’elles et des professionnels qui les accompagnent, s’appuie résolument sur une conception bio-psycho-sociale du handicap. Les discours des personnes en situation de handicap recueillis lors de groupes de paroles et ceux des professionnels lors de groupes d’analyse des pratiques nous permettent de montrer que les entraves restent fortes et que les professionnels ne sont en rien facilitateurs dans l’accès à une vie amoureuse et sexuelle pour les personnes auprès desquelles ils interviennent quotidiennement.
Mots-clés : personnes en situation de handicap; sexualité; accompagnement; professionnels; obstacles