Le but de ce mémoire est d'analyser les représentations sociales d'intervenants sociaux à l'égard de la punition corporelle en explorant comment elles se traduisent dans les pratiques d'intervention avec les familles. Les objectifs généraux de la recherche sont de mettre en contexte les représentations sociales sur la punition corporelle, d'analyser les représentations d'intervenants et d'explorer leurs pratiques à cet égard ainsi que les implications qu'elles soulèvent. Il s'agit d'une recherche qualitative à visée exploratoire et interprétative réalisée auprès de huit intervenants sociaux. La problématique touche l'historique des droits de l'enfant et des devoirs des parents, les différents aspects liés aux pratiques éducatives parentales, un portrait de l'ampleur du phénomène de la punition corporelle et des effets recensés, l'intervention sociale concernant les pratiques éducatives à caractère violent et les enjeux relatifs aux rapports de pouvoir dans les relations parent-enfant et intervenant-famille. Ce premier chapitre conclut avec les questions et les objectifs de la recherche. Le second chapitre porte sur le cadre théorique et comprend la posture épistémologique (constructiviste dans l'optique de la complexité), les principaux concepts et la pertinence sociale et scientifique de la recherche. Le chapitre III relate les différents aspects de la démarche méthodologique incluant les considérations éthiques et les limites de la recherche. Au chapitre IV, les résultats de recherche sont présentés suite à une analyse thématique des entretiens. Les résultats sont ensuite analysés et discutés au chapitre V. L'analyse des représentations sociales des intervenants soulève divers constats et implications pour la pratique. Par exemple, la très grande majorité des intervenants rencontrés ont eux-mêmes vécu la punition corporelle dans leur enfance et ne connaissent pas l'état actuel des lois encadrant cette pratique. Ils ne semblent pas conscients de ce qui peut influencer leurs représentations à l'égard du phénomène (contextes historique, sociopolitique, culturel, familial, etc.). Les intervenants les plus favorables n'ont pas remis en question les pratiques de leurs parents et s'y fient pour définir l'image qu'ils se font d'une punition corporelle acceptable. Bien qu'en tant qu'intervenant, la très grande majorité des participants s'affiche défavorable à la punition corporelle, la moitié d'entre eux présente une attitude favorable ou ambivalente au niveau individuel. Cette dissonance d'opinions se traduit de différentes manières dans leur pratique. Plusieurs intervenants nomment un sentiment d'impuissance dans l'intervention avec les parents convaincus du bien-fondé de la punition corporelle. Ce sentiment semble lié à une méconnaissance du phénomène et conduit certains intervenants à utiliser un pouvoir coercitif et un discours légal erroné dans l'intervention. La recherche débouche sur certaines pistes d'intervention et de recherche concernant les politiques et la législation, la formation des intervenants et l'intervention avec les familles. \ud
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Représentations sociales, intervenants sociaux, punition corporelle, pratiques éducatives