Entre 1994 et 2007, quarante-huit universités canadiennes ont obtenu des financements du programme de Partenariats universitaires en coopération et développement (PUCD), financé par l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et exécuté par l'Association des Universités et des Collèges du Canada (AUCC). Ce programme leur a permis de mettre en œuvre 154 projets de développement, en partenariat avec des organisations d'éducation et de formation de pays en développement, pour la plupart des universités. Notre recherche vise à identifier et à comprendre la relation entre les différentes dynamiques qui s'installent entre les partenaires d'un projet PUCD et les résultats obtenus dans le cadre de ce dernier pour répondre à la question Comment la dynamique partenariale affecte-t-elle les résultats d'un projet PUCD ? La réponse devrait enrichir les connaissances des pratiques du développement, afin d'améliorer ces dernières. Notre cadre théorique est formé de trois composantes: la théorie de l'acteur réseau, aussi appelée sociologie de la traduction (Callon, 1986, 1999, 2006a, 2006b; Latour, 1986, 2006a, 2006b; Callon et Latour, 1992, 2006), l'analyse stratégique (Crozier et Friedberg, 1977, 2000) et le cadre proposé par Hofstede (1997, 2001) pour analyser l'influence des cultures nationales sur les modes de gestion. Notre méthodologie s'appuie sur la rédaction itérative de trois études de cas qui décrivent le déroulement de trois projets PUCD, réalisés au Viêt-Nam entre les années 2000 et 2008, de l'idée initiale des projets jusqu'à la fin de leurs activités. Rédigées à partir des documents des projets et d'entrevues avec les partenaires canadiens et vietnamiens, ces études de cas reflètent essentiellement le point de vue des acteurs. L'analyse des dynamiques en présence est réalisée dans un deuxième temps et présentée à la suite. Nos hypothèses de travail portent sur les facteurs qui orientent les dynamiques entre les partenaires, les paramètres qui caractérisent ces dynamiques et la relation qui existe entre les types de dynamiques et les résultats de développement des projets. Premièrement, nous considérons cinq facteurs d'influence: les collaborations antérieures, les processus de traduction, les réseaux d'alliés, les stratégies des acteurs et certains aspects de la culture nationale des acteurs en présence. Deuxièmement, nous caractérisons les dynamiques étudiées selon la composition de l'équipe de projet et son engagement d'une part et, d'autre part, selon le type de stratégies relationnelles utilisées par les acteurs. Finalement, nous posons l'hypothèse que des dynamiques différentes, liées à des enjeux différents, peuvent caractériser les différentes phases d'un projet et influencer ses résultats. Ainsi, un projet aura plus de chances de maximiser ses résultats de développement s'il peut d'abord compter sur l'engagement d'une équipe composée de membres de toutes les institutions partenaires, tant pour sa conception que pour sa rn.ise en œuvre, et si, ensuite, cette équipe a davantage recours à des stratégies de mobilisation qu'à des stratégies axées sur les jeux de pouvoir. Notre recherche nous amène à conclure que les résultats d'un projet PUCD sont effectivement influencés par les types de dynamique qui s'installent pendant les phases de conception et de mise en œuvre. Comme les partenaires ne savent pas encore s'ils vont obtenir le projet quand ils le conçoivent, les enjeux peuvent différer selon les phases, entraînant ainsi des dynamiques différentes. Les responsables d'un projet auront plus de chances de maximiser les résultats de ce dernier s'ils peuvent compter sur l'engagement d'une équipe moteur, composée de membres de toutes les institutions partenaires, tant pour la phase de conception que pour la mise en œuvre. Ils doivent aussi pouvoir compter sur l'appui, et l'intervention au besoin, des décideurs de l'institution partenaire du pays en développement si ces derniers ne font pas partie de l'équipe moteur. Pour susciter l'engagement et l'appui dont ils ont besoin pour atteindre les résultats visés, les initiateurs d'un projet (dans un premier temps) et l'équipe moteur (dans un deuxième temps) ont tout intérêt à recourir à des processus de traduction et à planifier en conséquence les phases de conception et de mise en œuvre de leur projet. À notre avis, des études complémentaires portant sur la motivation des acteurs, leur culture nationale et les aspects institutionnels des partenariats pourraient contribuer encore davantage à accroître les connaissances sur les pratiques du développement, afin d'améliorer ces dernières. \ud
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : partenariats Nord-Sud, développement international, programme de Partenariats universitaires en coopération et développement (PUCD), coopération partenariale, dynamique de projet, résultats de développement