Ce mémoire cherche à comprendre les facteurs derrière l'échec éminent de la mission de l'OTAN en Afghanistan. Si la nature de la présence occidentale a dû passer d'une force d'assistance de sécurité à une véritable guerre contre-insurrectionnelle, l'adaptation difficile de la Coalition a eu des conséquences majeures. En employant un cadre d'analyse constructiviste critique, il a été possible d'identifier un triple paradoxe à cet égard, soit la complexification du commandement des forces alliées, la complexification du rapport à l'ami et à l'ennemi et la complexification dans le processus de légitimation de la mission. En deuxième partie, une lecture critique du premier manuel de contre-insurrection canadien, paru en 2008, révèle que son apport ne se trouve pas tant au niveau des principes, qui demeurent essentiellement les mêmes que ceux de la doctrine classique, mais bien au niveau des concepts. La doctrine canadienne présente des corrélations avec les principales innovations développées par les approches postpositivistes en théories des relations internationales au cours des vingt dernières années: elle place la relation entre le pouvoir politique, le discours et la légitimité au cœur du processus de sécurisation et de la contre-insurrection. Or, l'application de concepts postpositivistes à une ligne opérationnelle objectif-moyen-fin est épistémologiquement incompatible et entraine, dans la pratique concrète, son lot d'incohérences. Dans une mission de contre-insurrection, il revient aux opérations psychologiques de déterminer les formes pertinentes et les moyens de diffusion appropriés des éléments de propagande. La troisième partie étudie la formulation et la diffusion des messages émis par les Forces canadiennes en Afghanistan en étudiant des produits de propagande diffusés par les opérations psychologiques canadiennes. Leur méthode cherche explicitement à s'ingérer dans la narration sécuritaire des populations sélectionnées, en utilisant le processus de sécuritisation tel que théorisé par le constructivisme. Toutefois, trois limites opérationnelles viennent s'ajouter aux difficultés de la mission afghane: le manque de formation militaire au sujet des opérations non cinétiques, la subjectivité des agents et la quasi-absence de méthodes d'évaluation des opérations. Un constat semble faire consensus parmi les sources consultées: la solution au conflit afghan n'est pas militaire. Ce mémoire innove en appliquant l'opérationnalisation du constructivisme critique comme cadre d'analyse d'un cas empirique concret en études de sécurité. Il permet aussi de mettre à jour certains débats menés au sein des Forces canadiennes et la publication d'éléments de doctrine et de propagande très peu diffusés dans le domaine public. \ud
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : constructivisme critique, contre-insurrection, opérations psychologiques, Afghanistan, propagand