Pour une petite communauté autochtone du Costa Rica, la culture de bananes plantains constitue la plus importante source de revenus. Afin d'améliorer la qualité du produit et de répondre aux exigences des marchés d'exportations, les agriculteurs et les agricultrices ont recours aux pesticides. Ces derniers représentent toutefois des risques considérables tant pour leur santé que pour celle de leur famille. De surcroît, ces risques sont accentués par le contexte de pauvreté et d'isolement de la communauté ainsi que par l'usage abondant des pesticides dans des conditions peu sécuritaires. Dans l'optique où une appropriation des connaissances des risques des pesticides et des méthodes pour les réduire contribuerait à la santé de sa population, cette recherche vise à mieux comprendre les dynamiques de la diffusion d'informations dans le contexte d'isolement et de pauvreté de cette communauté. En partant du principe que l'adoption de comportements et les manières de percevoir des risques sont entre autres influencées par les relations interpersonnelles et leurs structures, des notions des approches sociales et culturelles de la perception du risque et des réseaux sociaux ont été utilisées pour découvrir les facteurs susceptibles d'influencer le processus de diffusion d'informations dans la communauté. En ce sens, des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès d'agriculteurs, d'agricultrices et de leur conjoint, recrutés par la méthode d'échantillonnage partiellement stratifiée. Les résultats ont été analysés qualitativement et à l'aide des programmes Netdraw et Ucinet pour les réseaux sociaux et SPSS pour les analyses statistiques. D'une part, les résultats ont permis d'identifier certains facteurs qui risquent d'entraver la diffusion d'informations et l'adoption de comportements pour réduire les risques des pesticides sur la santé, notamment les bénéfices économiques à court terme de l'usage des pesticides primant sur les préoccupations pour la santé, une faible appropriation de la problématique des pesticides et une absence de sa prise en charge sociale. D'autre part, les résultats ont aussi mis en lumière l'importance des relations de discussions sur les pesticides et de l'information reçue de la part d'organisations dans l'adoption de comportements plus sécuritaires. Les résultats soulèvent également que les femmes exercent peu d'influence dans cette problématique et que leur position isolée dans les réseaux limite leur accès à l'information sur les pesticides. L'analyse des réseaux a aussi permis d'identifier des chemins de circulation de l'information sur les pesticides, distincts selon le genre et l'ethnie. Enfin, cette étude vient souligner l'intérêt à développer des connaissances sur les caractéristiques liées à la structure globale des relations interpersonnelles au sein de communautés et sur les manières dont elles peuvent influencer la diffusion d'informations et l'adoption de comportements. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Diffusion d'informations, Réseaux sociaux, Perceptions des risques, Pesticides en agriculture, Santé humaine