Cette dissertation traite des théories du nationalisme et de la construction de l'identité nationale en Chine. Le mémoire se divise en deux parties interdépendantes. La première partie traite des études théoriques sur le nationalisme et l'identité nationale grâce à une revue de la littérature des grandes approches théoriques sur le nationalisme soit le primordialisme, l'ethnosymbolisme et le modernisme. L'analyse de ces approches permet d'évaluer la pertinence de chacune de ces approches théoriques. Suite à ce débroussailiage théorique, l'approche moderniste sera privilégiée pour la deuxième partie, car elle répond plus adéquatement aux analyses du discours nationaliste dans le cadre de la construction nationale. Ainsi, les approches ethnosymbolistes et primordialistes qui insistent respectivement sur l'origine ethnique des nations et sur la pérennité des communautés nationales au-delà de la période historique associée à la modernité ne prennent pas suffisamment en considération la construction culturelle, ethnique ou, dans certains cas, raciale du discours nationaliste. Un des problèmes principaux dans l'utilisation de ces deux approches réside dans la difficulté de retrouver dans la littérature « l'essence ethnique ou culturelle » d'une nation en particulier.\ud
La deuxième partie reprend les conclusions de la partie précédente sur l'évaluation des théories du nationalisme et tente, à l'aide d'une perspective moderniste, d'analyser les discours nationalistes en Chine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Grâce à cette étude, il est possible de mettre en perspective les dimensions culturelles, raciales et ethniques de l'identité nationale chinoise. Ces dimensions renseignent sur l'instrumentalisation par les intellectuels de l'époque de la question identitaire nationale à des fins de légitimation et de mobilisation politiques pour l'établissement d'un projet idéologique particulier (régime impérial, constitution monarchique, républicanisme, libéralisme politique, socialisme, etc.). Cette partie tente de démontrer comment la nation chinoise, au même titre que toutes les nations du monde d'ailleurs, s'est construite à travers un discours qui n'a peu ou, dans certains cas, aucun fondement historique vérifiable et qui s'élabore au gré des contextes politiques et historiques de l'époque. Plus spécifiquement, cette partie tente de comprendre comment ces référents identitaires ont été incorporés au sein du discours des élites intellectuelles pour ensuite être intégrés aux projets politiques des partis au pouvoir en Chine au début du XXe siècle. Les différents concepts de nature raciale, ethnique, culturelle, idéologique utilisés dans le débat identitaire au tournant du XXe siècle démontrent comment ces concepts peuvent être instrumentalisés, redéfinis, inventés, réinventés et interchangeables selon le dessein politique de ceux ou celles qui les utilisent. Enfin, la dernière section permet de démontrer comment le débat identitaire du début du XXe siècle détermine les grandes lignes du discours nationaliste en Chine depuis les événements de la place Tiananmen en 1989. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Nationalisme, Théories du nationalisme, Identité nationale, Chine, Identité nationale chinoise, Discours nationaliste, Intellectuels, Légitimation politique