Désert fertile : le Sahara comme observatoire anthropologique, idéologique et technologique

Abstract

International audienceCe séminaire a pour l’essentiel été consacré à la préparation d’un dossier commandé par la revue L’Année du Maghreb (CNRS/IREMAM, Aix-en-Provence). Ce dossier doit paraître en décembre 2011 dans le numéro VII de la revue, sous le titre « Sahara en mouvement ».Ceux qui ont participé au séminaire voulaient proposer du Sahara une vision autre que celle qui prévaut dans les médias et dans beaucoup de publications universitaires, où il est présenté en termes strictement sécuritaires : d’une part, il est vu comme une zone d’instabilité susceptible de menacer l’approvisionnement de la France en uranium, et d’autre part, il est perçu comme le lieu de passage des « hordes d’émigrés » d’Afrique subsaharienne prêtes à envahir l’Europe via le Maghreb. Nous avons tenté au cours de ces deux années d’explorer d’autres voies, et le dossier « Sahara en mouvement », coordonné par Dominique Casajus, constitue un premier résultat de ce travail. Rassemblant une douzaine de contributions portant sur plusieurs des pays qui se partagent le Sahara (Maroc, Algérie, Mauritanie, Mail, Niger), contributions dont des esquisses ont été présentées lors des séances du séminaire, ce dossier s’attache à faire valoir combien le Sahara a toujours été pris dans un réseau de relations, au point qu’on ne peut le séparer de ses marges. Des marges auxquelles plusieurs séances du séminaire ont été consacrées, marges du Sahara ou marges des États dont les territoires empiètent sur lui - les deux pouvant se confondre car les populations qui vivent sur les marges du Sahara ont souvent été marginalisées dans leurs pays respectifs. D’autres séances ont porté sur ce qu’on pourrait appeler l’invention du Sahara, une invention progressive et qui se sera prolongée sur des siècles puisqu’elle s’amorce avec les premiers voyageurs arabes, avant que les géographes, les utopistes et les romanciers européens ne prennent ensuite leur relais. D’autres séances ont porté sur les mouvements de populations qui l’animent, qu’elles le quittent pour les pays riverains ou qu’elles viennent s’y installer. Car, alors que l’Europe de Schengen s’obstine à voir dans le Sahara un lieu vide dont il faut à tout prix empêcher qu’il ne soit traversé, il est en réalité un pays habité. Et ce depuis longtemps, comme l’ont montré plusieurs participants du séminaire. Figé, le Sahara ne l’aura guère été que durant la période coloniale, et encore. En tout cas, les peuples qui l’habitent sont aujourd’hui en mouvement, et c’est la principale leçon de ce séminaire, comme ce sera la principale leçon du dossier qui en est issu

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