[00:00:00 à fin] Key note de Michèle LECLERC-OLIVE (IRIS, EHESS) : « Expérience migratoire et traduction. Des épistémologies sédentaires au plurilinguisme » Lien vers la biographie des intervenants Présentation du colloque :Depuis novembre 2017, les chercheur.e.s de Liminal, programme financé par l’Agence nationale de la recherche, étudient les interactions et les médiations langagières dans les temporalités de l’urgence, dans les centres et campements d’Ile de France, du Calaisis et de la frontière franco-britannique, à Briançon et à la frontière franco-italienne. Ces lieux sont autant d’espaces où la communication et la diffusion d’informations est à la fois vitale et entravée. Aux contraintes physiques et psychiques qui s’exercent sur les sujets exilés s’ajoutent fréquemment des violences dans les langues et dans la traduction, qu’elle soit insuffisante, inadaptée ou autour d’intraduisibles. Les langues dans l’urgence sont aussi, en conséquence, une urgence dans les langues.À mi-parcours des travaux du programme Liminal, un premier état des lieux sur les langues dans l’urgence peut être envisagé dans ses différents aspects : juridiques et pratiques (accès à l’information, guides et niveaux de langues, outils de diffusion) ; structurels (profils et fonctions des locuteurs engagés dans l’accueil et l’hébergement, représentations de la langue) ; de médiation (niveaux de traduction et de langues, médiateurs-pairs…) ; subjectifs (de position, d’engagement, de formes d’interaction) ; langagiers enfin, avec la création de nouveaux vocabulaires et de lexiques véhiculaires dans le vif de l’expérience. Glissements d’une langue à l’autre, emprunts et stratégies linguistiques par des populations multilingues, appropriation d’acronymes, détournements de sens, transformations des référents, caractérisent ces inventions élaborées pour et contre l’urgence, par utilité et résistance. Ces « bricolages » sont aussi ceux de salariés et aidants du premier accueil ; ils créent une zone de possibilités et d’incertitudes dans laquelle la communication non-verbale joue également un rôle important.Cet espace des langues et des pratiques langagières, octroyé ou conquis, met à l’épreuve les représentations de la nation et de l’hospitalité, les constructions croisées de la figure « des migrants » et de l’étranger, de leurs langues et cultures. Il questionne les fonctions des acteurs locuteurs et la diversité de leurs statuts (interprètes, médiateurs, « traduisants » informels), leurs relations avec les acteurs non-locuteurs (acteurs étatiques, associatifs, bénévoles, militants, chercheurs etc.). Plus généralement, cette crise des langues dans l’accueil interroge les modalités de gestion de la « crise » migratoire, entre obligations légales et évaluation des besoins. De fait, à travers les langues, ce qui se dessine est la place faite au sujet exilé, à la fois comme individu et comme élément d’un dispositif d’accueil lui-même en crise. C’est précisément sur ces enjeux que ce colloque entend revenir dans une perspective résolument multidisciplinaire réunissant dans chaque panel chercheurs et acteurs, réflexions et pratiques. Présentation de l’ANR LIMINAL :Le programme LIMINAL porté par l’INALCO et financé par l’Agence Nationale de la Recherche traite des interactions et médiations langagières et culturelles entre acteurs en situation de crise migratoire et humanitaire, telle que celle-ci se développe en France depuis 2015 (création de camps et campements d’ampleur, développement de centres d’accueil). Il mobilise des chercheurs de différentes disciplines en SHS (linguistique et sociolinguistique, sémiotique, anthropologie, sociologie, études sur la migration, psychologie) pour mener conjointement en cinq langues (urdu, dari, farsi, amharique, arabe) des études de terrain sur les pratiques de médiation linguistique et interculturelle dans des camps et des lieux d’accueil et d’hébergement diversifiés, formels et informels, auprès d’une pluralité d’acteurs sociaux (institutionnels, associatifs, populations migrantes). Son objectif scientifique est d’étudier les enjeux théoriques et pratiques des stratégies d’interaction et de médiation, les malentendus ou insuffisances (usages inappropriés, mécompréhensions interculturelles, situations bloquées, émotions dysphoriques) et de proposer, à terme, des outils à destination de la recherche, des acteurs sociaux et des services publics (glossaires lexico-terminologiques multilingues, documentations textuelles et audiovisuelles, portail web, outils pédagogiques). Ce programme de recherche offrira l’opportunité de valoriser compétences linguistiques, dispositifs de solidarité, co-actions ; de circonscrire les difficultés ; d’apporter le concours d’une recherche plurilingue et pluridisciplinaire à des éléments de formation et de documentation destinés à un large public (recherche, associatif, ONG, travailleurs sociaux, bénévoles et exilés). Hypotheses de l’ANR LIMINAL"> Lien vers le carnet Hypotheses de l’ANR LIMINAL <br /