Effet du chômage sur les consommations alimentaires des adultes sur 5 ans (Etude NutriNet-Santé)

Abstract

Introduction et but de l’étude: Bien qu’il ait été montré que le chômage puisse avoir un effet délétère sur l’état de santé, peu d’études se sont intéressées à son impact sur les comportements alimentaires, en particulier avec une approche longitudinale. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’effet de la durée de chômage sur les apports alimentaires d’adultes.Matériel et méthodes: Cette étude a été menée auprès de 3955 adultes inclus dans l’étude NutriNet-Santé entre 2009 et 2010, et pour lesquels les consommations alimentaires ont été estimées à l’inclusion et chaque année de suivi, par des enregistrements alimentaires de 24 h répétés. Parmi cette population, nous avons identifié 3 groupes d’individus ayant un emploi à l’inclusion, selon leur statut d’emploi durant le suivi : 207 ont connu une période de chômage ≥ 1 an (CLD), 98 ont vécu un chômage < 1 an (CCD) et 2198 sont restés actifs au cours des 5 ans de suivi.Résultats et Analyse statistique : Des modèles mixtes à effets aléatoires du temps et du statut d’emploi et ajustés sur l’âge, le sexe, le niveau d’éducation et les apports en énergie ont été utilisés pour évaluer les changements alimentaires liés au chômage. A l’inclusion, les deux groupes de chômeurs (CLD et CCD) avaient un score d’adéquation aux recommandations du PNNS (CLD : β = -0,24, IC 95 % = [-0,34 ;-0,09] ; CCD : β = -0,23, IC 95 % = [0,43 ;-0,06]) et des consommations de « fruits et légumes » (CLD : β = -0,25, IC 95 % = [-0,38 ; -0,12]) ; CCD : β = -0,22, IC 95 % = [-0,40 ; -0,04]) et de « viande rouge, charcuterie et volaille » (CLD : β = -0,15, IC 95 % = [-0,27 ; -0,03]) ; CCD : β = -0.12, IC 95 % = [-0,29 ; -0,06]), plus faibles que les personnes restées actives pendant la même période. Comparé aux actifs, le groupe CCD avait un apport en sodium plus faible à l’inclusion (β = -0,13, IC 95 % = [-0,25 ; -0,05]) tandis que le groupe CLD avaient des apports en vitamines B9 et C plus faibles (respectivement, β = -0,14, IC 95 % = [-0,26 ; -0,03]) β = -0,18, IC 95 % = [-0,31 ; -0,05])) et des apports en énergie et en produits gras sucrés plus élevés (respectivement, β = 0,15, IC 95% = [0,03 ; 2,64]) ; β = 0,12, IC 95% =[0,02 ; 0,2])). En revanche, il n’y avait pas d’association statistiquement significative entre le statut d’emploi et une évolution au cours du temps des consommations, excepté pour les fruits et légumes et les produits gras sucrés. Chez le groupe CLD, une légère diminution des apports en produits gras sucrés et une faible augmentation de la consommation de fruits et légumes étaient observés au cours du suivi.Conclusion: Notre étude a mis en évidence que, sur une période de cinq ans, les personnes ayant connu le chômage, quelle que soit sa durée, ont une alimentation moins favorable à la santé dès le début de cette période que ceux qui restent actifs tout au long du suivi, probablement en lien avec des conditions socioéconomiques plus difficiles (catégorie socioprofessionnelle plus basse, revenus plus faibles). Néanmoins, l’impact du chômage sur l‘alimentation n’est pas clairement identifié. D’autres changements du mode de vie tels que le tabagisme et l’activité physique doivent être investigués pour comprendre les effets potentiellement néfastes du chômage sur la santé

    Similar works

    Full text

    thumbnail-image

    Available Versions

    Last time updated on 07/01/2019
    Last time updated on 07/06/2020