L’épandage de PRO en agriculture s’effectue à l’échelle de la parcelle cultivée, qui appartient à une exploitation et plus largement à un territoire. L’épandage prend aussi place au sein d’une filière de recyclage. L’évaluation de la pratique du retour au sol des PRO peut s’envisager à chacune de ces échelles, pour lesquelles une diversité de questionnements et de méthodes d’évaluation existent. L’objectif de ce travail est donc de dresser un panorama des questions qui se posent dans l’évaluation de cette pratique, selon les échelles, ainsi que des méthodes utilisables pour y répondre.A l’échelle parcellaire, on cherche à optimiser l’insertion des PRO dans les systèmes de culture pour par exemple maximiser l’efficacité agronomique des PRO et/ou minimiser la contamination des sols. Pour répondre à cet objectif, différents modèles multicritères existent qui permettent d’aborder l’ensemble des composantes de la durabilité (environnementale, sociale, économique). Cependant, ces modèles représentent souvent de manière très simplifiée les processus. Une alternative est l’utilisation de modèles de culture pour simuler finement les processus biophysiques et leur interaction (couplage cycle eau, C, N…). Cependant, ces modèles complexes nécessitent un paramétrage fin et d’être associés à d’autres modèles ou indicateurs pour intégrer l’ensemble des composantes de la durabilité (indicateurs économiques…).A l’échelle de l’exploitation et du territoire, les mêmes questions qu’à l’échelle parcellaire demeurent. On va en plus chercher à optimiser la répartition des PRO sur l’exploitation ou le territoire, en considérant des questions de moyens de production et de temps de travail, de logistique, de variabilité spatiale des systèmes de culture et du milieu ou encore de réaction des acteurs (aux coûts, au climat…). Différents couplages entre modèle de spatialisation, modèles de processus et modélisation multi-agents sont possibles pour répondre à ces nouvelles questions. Ces couplages nécessitent cependant un paramétrage qui peut être délicat et de nombreuses données spatialisées. Les plateformes de modélisation sont un outil adéquat pour réaliser ces couplages.Enfin, à l’échelle de la filière, en complément des questions précédentes, on cherche à prendre en compte le procédé de traitement/fabrication des PRO dans leur choix et leur évaluation. Les méthodes d’évaluation environnementales comme le bilan carbone, l’analyse coût bénéfices ou l’analyse du cycle de vie (ACV) sont utilisées. L’ACV est une méthode particulièrement adaptée pour évaluer l’ensemble des impacts du « berceau à la tombe ». Dans sa forme actuelle, elle ne représente généralement que de façon très simpliste les spécificités et dynamiques spatio-temporelles d’un territoire, ainsi que les processus biophysiques impliqués. Des perspectives intéressantes existent avec le développement d’ACV territorialisées, spatialisées voire spatio-temporelles.Afin de réaliser une analyse complète de la pratique de retour au sol des PRO, il est souhaitable de combiner ces différents méthodes d’évaluation entre elles, pour à la fois représenter correctement les processus biophysiques associés à la pratique, intégrer les contraintes des exploitations, la variabilité spatio-temporelle des territoires et les différentes composantes de la durabilité, mais aussi les activités associées à l’ensemble de filière