research

Les mutations du traitement des données comptables dans les banques françaises dans les années 1930-1960

Abstract

L’histoire des banques en tant que « firmes » reste encore lacunaire pour les décennies antérieures aux travaux des spécialistes d’économie industrielle au sein des départements de gestion ou de sciences économiques, qui portent sur le dernier tiers du XXe siècle. Pourtant une « préhistoire » du management est pertinente pour évaluer comment les banquiers ont évolué d’un type de société plutôt informelle où les méthodes de traitement administratif et comptable avaient en fait plus ou moins léguées par les techniques constituées pendant les XVe- XVIIIe siècles à un type de société structurée en une véritable « organisation ». La notion de « rationalisation » devient alors un mot d’ordre et détermine un processus d’évolution vers un nouveau type d’économie tertiaire, beaucoup plus « formalisée » – en opposition à une économie « informelle » ou simplement encore « inorganisée » – parce que les banques se sont soudain inquiétées de ne plus pouvoir connaître la réalité de l’étendue chiffrée des risques qu’elles brassaient. Les exigences de contrôle des risques – l’une des spécificités du portefeuille de savoir-faire des banques – ont évidemment pesé en faveur d’une rapide acclimatation de méthodes « industrielles » pour mettre en place une réelle « organisation tertiaire ». C’est pourquoi l’introduction des machines comptables n’est qu’une pièce du vaste ensemble de réformes de rationalisation qui se cristallise dans les années 1920-1950 : standardisation, normalisation, suppression des doublons-papiers et des duplications ou chevauchements de services, durcissement des procédures de contrôle et mécanisation (de l’écriture, avec les machines à écrire ; ou des comptes) sont autant d’outils de cette mutation structurelle qui introduit les « technologies de l’information » dans le secteur bancaire.

    Similar works