L’Europe sert de bouc émissaire mais aussi de miroir à nombre de problèmes démocratiques internes. Il suffirait pour s’en persuader de regarder le dernier taux d’abstention aux élections européennes de juin 1999 en France : record historique (le plus élevé depuis 1979) et majoritaire (53 %)… comme dans l’ensemble de l’Europe : 51 % en moyenne. Le “déficit démocratique” des institutions européennes invoqué comme justification ne saurait pourtant épuiser l’analyse. Crise de confiance envers les gouvernants, sentiment d’une représentation traditionnelle en décalage avec les préoccupations d’une fraction croissante de l’électorat, épineuse question du rapport entre le contrôle politique et la technicisation de la prise de décision publique : autant de symptômes d’une crise des systèmes politiques tant nationaux que supra-nationaux. [1er paragraphe