International audienceBack from a field season in 2008, two of us (A-M.P. & P.P.) spent a few days studying the red rock paintings at the central Baliem (Jayawijaya, West Papua, Indonesia). These painting have been first noted by K. Heider in 1963: they are among the very few paintings known from the Highlands area of West Papua in New-Guinea, where red rock paintings are mostly concentrated along the coastlines. The site of Suroba discussed here, located 8 Km north of Wamena, a karstic basin situated at an altitude of 1700 m, is a densely inhabited area by the Dani group. Among the interesting aspects of the site is the possibility of a modern production of red paintings. Indeed, , following succinct indications by his informers in the 1960s, Heider considered that the figures might have been produced in the course of boy's initiation rites – this would make it one of the very rare contexts of rock art production for New Guinea as a whole. These rock art shelters have never been recorded and studied in detail, however. Apart from a brief UNESCO mission organised by the K. Arifin and Ph. Delanghe in 1995, no research has been undertaken on the paintings themselves, nor on their social and cultural impact among the neighbouring Dani populations. Our 2008 visit provided us therefore an opportunity to revisit the two prior studies (by Haider and Arifin and Delanghe) on which the interpretation of the sites was based. These comparisons enable us to highlight certain differences between these authors, notably with regard to access restrictions to the site. It also enables us to discuss the attitudes taken by social actors – be they scholars or Dani – regarding these painted shelters, and show how the social importance given to them has been renegotiated in the course of time. This observation will make it necessary for us to examine the role played by external actors (Indonesian and western) in the contemporary perceptions of some painted shelters by Dani populations of the Baliem area. These interactions could provide some possible explanations for the prohibition of access to the sites of Suroba, at a time when the tensions between the Indonesian government and the Dani populations have reached their paroxysm. Upon this, we will attempt here to understand the discourse and behaviours observed around Soruba, the main painted shelter of the Baliem, addressing together the perspectives of western visitors (ethnologists and prehistorians) and the reactions of local communities between 1963 (the first mention of the paintings) and our visit in 2008.Au retour d’une mission en février 2008, deux d’entre nous (A-M.P. et P.P.) consacrèrent quelques jours aux peintures rupestres rouges de la Baliem centrale (Jayawijaya, West Papua, Indonesia). Signalées pour la première fois par K. Heider en 1963, ces peintures sont jusqu’à présent presque les seules connues dans les Hautes Terres de West Papua en Nouvelle-Guinée, où l’art rupestre rouge en abri-sous-roche est plutôt concentré sur les côtes. Le site de Suroba présenté ici est situé à 8 km au nord de Wamena, à une altitude de 1 700 m, dans un bassin karstique à haute densité de population, occupé par le groupe dani (voir les deux études ethnographiques majeures réalisées à partir de 1961 : H.L. Peters sur les Siep-Kosi et K. Heider sur les Wilihiman-Walalua). L’intérêt du site réside entre autres dans l’existence possible d’une production moderne ( ?) de peintures rouges. En effet, à partir des réponses succinctes de ses informateurs dans les années 1960, Heider semble avoir considéré que les figures pouvaient avoir été réalisées au cours des initiations des garçons, ce qui en ferait l’un des rares contextes de production d’art rupestre pour toute la Nouvelle-Guinée. Les abris-sous-roche ornés n’ont cependant jamais été recensés, ni étudiés en détail ; à l’exception d’une courte mission UNESCO organisée par K. Arifin et Ph. Delanghe en 1995 (2004), aucune recherche n’a été réalisée ni sur les peintures elles-mêmes, ni sur leur insertion socio-culturelle au sein des populations dani avoisinantes. Notre visite de 2008 est l’occasion de revenir sur les deux expériences antérieures qui ont fondé l’interprétation de l’art rupestre de la Baliem, à savoir celles de Heider et de Arifin et Delanghe. Leur mise en perspective permet de déceler des différences sensibles entre ces deux auteurs, notamment en matière de restriction d’accès aux sites. Elle permet ainsi de discuter la façon dont les acteurs sociaux – chercheurs et danis – se positionnent vis-à-vis de ces abris peints, tandis que l’importance sociale accordée aux sites à peintures se trouve renégociée au cours du temps. Il faudra donc s’interroger sur le rôle des intervenants extérieurs (indonésiens et occidentaux) dans la perception de certains abris peints qu’ont aujourd’hui les Dani de la Baliem. Entre autres, ces interactions constituent une des explications possibles de l’interdiction d’accès aux sites de Suroba, au moment où les tensions entre le gouvernement indonésien et les populations dani ont atteint leur paroxysme. Dans cette optique, nous essaierons de situer les discours et les comportements observés autour de Suroba, le principal site à peintures de la Baliem, en présentant conjointement les points de vue des visiteurs occidentaux (ethnologues et préhistoriens) et les réactions des communautés locales entre 1963 (première mention des peintures) et 2008 (visite la plus récente)