Cette recherche vise à comprendre pourquoi une organisation adopte un nouvel outil de gestion en se centrant sur les raisons cognitives et émotionnelles à l’origine de ce phénomène.
Pour ce faire, un dispositif qualitatif en deux étapes est mis en place : une étude de cas multi-
site dans une logique abductive suivie d’une étude de cas confirmatoire dans une logique de
réfutation poppérienne.
Les résultats de cette recherche soulignent le rôle clé des émotions dans l’adoption d’un outil
de gestion. Nous montrons en effet que l’élément déclencheur de toute adoption d’outil est de
nature émotionnelle. Une organisation adopte un nouvel outil de gestion car il existe un
décalage entre le contexte externe auquel elle est confrontée et des éléments de son contexte
interne. Mais très concrètement le décisionnaire à l’origine de l’adoption déclenche celle-ci
lorsqu’il perçoit des émotions de ses collaborateurs qu’il interprète comme étant défavorables
à l’action organisationnelle. En adoptant un nouvel outil de gestion, le décisionnaire souhaite
voir transformer ces émotions des acteurs, qu’il juge défavorables, en émotions favorables
pour la conduite de la mission de l’organisation. Ces émotions ne sont d’ailleurs pas
nécessairement considérées comme positives par les acteurs concernés. Nous pouvons par
conséquent parler d’une volonté d’instrumentalisation des émotions par le décisionnaire à
l’origine de l’adoption d’un nouvel outil de gestion, qui permettra de cristalliser des émotions
défavorables et de générer des émotions favorables : nous parlons de « cristallisation
émotionnelle ». En outre, ce découplage entre émotions favorables pour l’action
organisationnelle et émotions éprouvées par les acteurs organisationnels nous conduit à mettre
en évidence le concept d’émotion organisationnelle.
Ces résultats sont ensuite discutés à la lumière des travaux portant sur les fonctions
symboliques des outils de gestion mais également de ceux émanant du courant néo-institutionnel. Nous examinons en conclusion les apports théoriques et managériaux de cette
recherche.ou