Neurobiologie de la prise alimentaire
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Abstract
On s'accorde désormais à considérer le cerveau comme l'organe majeur de l'alimentation. En effet, c'est lui qui intègre les signaux internes (métaboliques, nerveux et hormonaux), les signaux sensoriels (visuels, olfactifs, gustatifs) mais aussi, et il ne faut pas l'oublier, les conditions sociales, culturelles et économiques qui constituent des déterminants majeurs de la qualité de la ration. Devant cette complexité, notre article s'en tiendra à l'exposé des mécanismes neurobiologiques de la prise alimentaire. Le rythme circadien (rythme sur 24 heures), piloté par le cerveau, fixe le cadre temporel du comportement alimentaire, tandis que les choix alimentaires eux-mêmes sont basés en grande partie sur des apprentissages olfacto-gustatifs qui commencent sans doute in utero puis évoluent en fonction du cadre familial et culture. On peut considérer l'hypothalamus comme la "tour de contrôle" de la prise alimentaire. Situé dans le diencéphale ventral, il intègre de nombreux indices métaboliques (glycémie par exemple), endocrines (comme la leptine ou l'insuline), nerveux (via le nerf vague). Mais la décision de s'alimenter dépend aussi de structures profondes liées aux émotions (système limbique) et aux circuits de la récompense (noyau accumbens, aire tengmentale ventrale), ainsi que de structures corticales "conscientes" impliquées dans les représentations mentales des aliments et de leur valeur hédonique, et enfin des structures corticales qui leur sont connectées et qui supportent la décision et l'exécution de l'acte alimentaire. Ces vingt dernières années, ce tableau s'est encore compliqué du fait de la découverte de modifications épigénétiques de l'ADN qui, sans altérer sans séquence, altèrent l'expression des gènes : c'est le phénomène d'empreinte métabolique. Ces modifications sont apportées (ou effacées) progressivement au cours de la vie, et peuvent même passer à la descendance, tandis que les bactéries intestinales sont désormais considérées comme un organe à part entière dont les perturbations expliqueraient certaines maladies métaboliques, dont le diabète et l'obésité. Cette complexité fait que les recommandations nutritionnelles devraient être adaptées à chaque individu, tout en lui fournissant les moyens d'échapper aux pièges de la publicité et de l'entraînement social