L’utilisation des légumineuses en association avec des graminées est une pratique courante des éleveurs pour
bénéficier de la capacité des légumineuses à fixer l’azote atmosphérique et ainsi diminuer, voire supprimer, les
apports d’engrais azotés sur leurs prairies. Dans les associations binaires, une légumineuse est associée à une
graminée, alors que dans les prairies multi-espèces, de plus en plus utilisées, une ou plusieurs légumineuses sont semées avec plusieurs graminées. Comprendre les dynamiques d’évolution des légumineuses dans le temps lorsqu’elles sont associées à des graminées est un enjeu important pour mieux composer demain les mélanges prairiaux adaptés à la diversité des conditions pédoclimatiques françaises. [br/]
Des essais, conduits par la Recherche et le Développement dans plusieurs régions françaises depuis le début
des années 2000, permettent aujourd’hui d’apporter des informations nouvelles sur ces dynamiques d’évolution.
Le choix d’espèces adaptées aux types de sol, aux conditions climatiques et au mode d’exploitation dominant
est primordial pour obtenir des prairies d’associations et multi-espèces productives en quantité et en qualité, et
pérennes. Même si certaines espèces comme la luzerne, le trèfle violet ou le trèfle blanc finissent par devenir
dominantes, selon leur agressivité et leur rapidité d’installation, et entraîner la disparition des autres
légumineuses dominées sur un laps de temps plus ou moins long, ces légumineuses dominantes sont toutefois
indispensables pour apporter la productivité attendue par les éleveurs.[br/]
Par exemple, la complémentarité de la luzerne et du trèfle violet en fauche est à la base de prairies multiespèces
productives en MS et en MAT/ha, pour une durée de 4 à 5 ans, bien adaptées pour la région allaitante
séchante du nord du Massif Central, y compris en agriculture biologique. De même, en région Rhône-Alpes et
pour des sols calcaires, la pérennité du sainfoin le rend intéressant pour sécuriser les systèmes fourragers dans
un contexte d’aléas et de réchauffement climatiques. A l’inverse, certaines espèces très peu concurrentielles
telles que le lotier corniculé, ne se développent qu’en l’absence d’espèces plus agressives comme les
légumineuses précédentes, ou des graminées comme le dactyle.[br/]
L’impact des doses de semis des légumineuses sur leur développement futur et leur maitien dans les prairies
d’associations et multi-espèces semble être faible en regard du choix des espèces à associer. Une question
importante subsiste cependant encore aujourd’hui quant à l’influence de la variété, ou du type variétal, des
espèces semées sur ces dynamiques d’évolution des légumineuses en mélange