Influence de la maladie rénale chronique terminale sur la disposition et le métabolisme extra rénal des médicaments : exemple des inhibiteurs du récepteur P2Y12 à l'ADP
La maladie coronarienne est l'une des principales causes de morbi-mortalité parmi les patients atteints d'une insuffisance rénale terminale (IRT). Le rôle de l'urémie comme facteur de risque indépendant de morbimortalité cardiovasculaire est incomplètement compris et pourrait impliquer une calcification des vaisseaux plus importante. Il semble également que les antiagrégants plaquettaires inhibant le récepteur P2Y12 à l'ADP comme le clopidogrel ou le prasugrel soient moins efficaces dans leur capacité à inhiber l'agrégation plaquettaire selon le degré d'insuffisance rénale chronique. Le cas d'un patient dialysé avec maladie coronarienne ayant présenté deux resténoses sur stent malgré un traitement de clopidogrel nous a conduit à une réflexion sur son efficacité dans ces conditions et à une revue de la littérature sur le niveau de preuve dans la prescription des antiagrégants plaquettaires lors de l'IRT. Les propriétés pharmacocinétiques de ces traitements sont potentiellement perturbées à différents niveaux (absorption, distribution, et métabolisme) pouvant conduire à une efficacité moindre qui a été décrite dans la littérature pour le clopidogrel et le prasugrel. Le ticagrélor semble donc être le traitement de choix dans cette indication chez le patient en IRT et sa prescription pourrait, à l'avenir, être quantifiée grâce au profil métabolomique des cytochromes P450 avant de débuter le traitement