Enquête nationale périnatale 2003 : situation en 2003 et évolution depuis 1998
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Abstract
Des Enquêtes Nationales Périnatales sont réalisées à intervalle régulier pour
suivre l’évolution des principaux indicateurs de santé et de pratiques médicales, aider à
l’évaluation et à la décision des actions de santé, et répondre à des questions qui se
posent à un moment donné.
Ces enquêtes portent sur la totalité des naissances d’enfants nés vivants ou mortnés
survenues pendant une semaine, si la naissance a eu lieu après au moins 22
semaines d’aménorrhée ou si l’enfant pesait au moins 500 grammes. Les informations
sont recueillies à partir du dossier médical des maternités et d’un interrogatoire des
femmes en suites de couches.
L’enquête de 2003 a eu lieu en octobre. L’échantillon comprenait 15 378 enfants dont
14 737 en métropole et 641 dans les Départements d’Outre-Mer (DOM).
Les évolutions les plus marquantes par rapport à l’Enquête Nationale Périnatale de
1998 sont les suivantes :
- La situation socio-démographique des femmes a évolué dans un sens positif, du fait
de l’augmentation de leur niveau d’études et de leur taux d’activité. De plus la
consommation de tabac a légèrement diminué. D’autres aspects sont moins
favorables : le décalage des naissances vers un âge maternel plus élevé est
inquiétant dans la mesure où les risques pour l’enfant et la mère augmentent de
manière sensible avec l’âge.
- La surveillance prénatale a augmenté en termes de nombre de consultations et
d’échographies. Cette évolution s’est faite sans accroissement des hospitalisations.
Le taux de couverture des examens de dépistage du VIH et du risque de trisomie 21
a augmenté, traduisant une meilleure application des recommandations et de la
réglementation. La diffusion des examens de dépistage pour la trisomie 21 s’est
faite sans augmentation du taux d’amniocentèse, traduisant peut-être une meilleure
prise en compte du niveau de risque des femmes.
- Les accouchements ont lieu plus souvent en secteur public et surtout dans des
services de très grande taille, ce qui est le résultat des fermetures et des fusions de
maternités.
- Le taux de césarienne a augmenté entre les deux enquêtes. Cette évolution porte
uniquement sur les premières césariennes et les césariennes avant travail ; elle est
particulièrement sensible en cas d’accouchement avant terme ou de naissance de jumeaux. Ceci semble traduire une attitude de précaution a priori, plus grande en
présence de risques élevés pour l’enfant et la mère.
- La réduction de la douleur par une péridurale est devenue beaucoup plus fréquente
et au total les trois quarts des femmes ont accouché avec une péridurale ou une
rachianesthésie.
- Les taux de prématurité et d’enfant de poids inférieur à 2500 grammes ont tendance
à augmenter de manière continue depuis 1995 parmi les enfants vivants uniques ;
cette tendance est significative pour le poids, et à la limite de la signification pour la
prématurité. Ceci montre toute l’importance d’enquêtes régulières selon une même
méthodologie pour suivre sur le long terme des indicateurs ayant une évolution lente
et persistante.
Des thèmes particuliers abordés pour la première fois ou plus développés dans l’enquête
de 2003 permettent de faire le point sur certaines questions.
- Plusieurs indicateurs de santé ont pu être estimés en population générale et les
valeurs obtenues vont pouvoir servir de référence : ceci est le cas pour le délai
nécessaire pour concevoir ou certaines complications, comme les ruptures
prématurées des membranes ou les hypertensions gravidiques.
- Le gynécologue obstétricien est la personne la plus souvent consultée pendant la
grossesse. Le généraliste joue un rôle surtout pour la déclaration de la grossesse.
La contribution des sages-femmes est relativement modeste par rapport à leur
activité au moment de l’accouchement. Le rôle respectif des différents
professionnels pendant la grossesse aurait besoin d’être surveillé dans l’avenir
pour savoir comment se fait l’adaptation aux pénuries de professionnels.
- Il semble exister des tensions dans la prise en charge des femmes à l’intérieur de
certaines maternités. Les maternités de niveau élevé ou de grande taille déclarent
plus souvent que les autres maternités des difficultés pour accueillir les femmes
pour l’accouchement, assurer la surveillance prénatale pour toutes les femmes, et
offrir une préparation à la naissance à toutes les femmes qui le souhaitent.
Parallèlement, en 2003, on observe un nombre plus élevé de sorties précoces en
suites de couches dans les maternités de grande taille ou de niveau III que dans
les autres maternités. De plus on constate, parmi l’ensemble des femmes qui ont
accouché, une dégradation entre 1998 et 2003 de certains indicateurs de la
qualité de la prévention : le nombre de femmes qui n’ont jamais consulté l’équipe
de la maternité ou qui n’ont pas eu de préparation à la naissance a en effet
légèrement augmenté alors que, dans le passé, l’évolution était très nettement en
sens inverse. Il existe de fortes disparités entre grandes régions, en ce qui concerne les facteurs
de risque, les comportements de prévention et les interventions médicales. Des
différences particulièrement grandes sont observées entre les DOM et la métropole ; par
exemple le taux de prématurité est environ deux fois plus élevé qu’en métropole.
Cette enquête a permis d’obtenir des données de bonne qualité, très utiles pour
suivre l’évolution de la santé et répondre à certaines questions. Il serait donc souhaitable
de répéter cette enquête, en suivant la même organisation, notamment en maintenant un
lien avec le système de recueil des certificats de santé du 8ème jour. Par rapport aux
autres sources de données nationales existantes, elle présente deux avantages majeurs
pour informer sur la situation périnatale. D’une part l’interrogatoire des femmes permet de
bien connaître leurs caractéristiques sociodémographiques, le contenu de la surveillance
prénatale et les comportements préventifs. D’autre part il est possible d’introduire des
nouvelles questions pour chaque enquête et disposer ainsi d’informations particulières
pour les problèmes de santé qui sont soulevés à un moment donné.51 pages, bibliographi