Land and « Ethnic Purity » along the Polish-Ukrainian Borderlands
The agrarian economy of the Polish-Ukrainian borderlands (kresy), and in particular of former central Galicia, was long based on a deeply inegalitarian articulation of microfundia and latifundia. After 1945, through an ironic turn of history, they became a unique stronghold of individual peasant property in the areas which remained under Polish control. In contrast, in the areas subjected to Soviet rule, collectivization was quickly imposed ; after 1991, a landscape devoid of lords as well as of peasants suddenly emerged, where, for lack of agrarian reform, vast latifundia lay fallow in expectation of a yet hypothetical « transition ». Placed in a long-term historical perspective, this dual heritage of Soviet times helps us to understand the complex relations between shifts in patterns of land control and the singular versatility of collective identities.Ironie de l'histoire : les marches polono-ukrainiennes (kresy), et notamment la Galicie centrale, dont l'économie agraire était fondée sur une articulation profondément inégalitaire de très petites et de très grandes exploitations, se sont révélées être depuis l'avènement du collectivisme un extraordinaire bastion de la propriété paysanne individuelle dans les régions restées polonaises. En revanche, dans les provinces naguère soviétiques, émerge à l'ère de la « transition » une contrée sans seigneurs ni paysans, où, faute de réforme agraire, se succèdent à perte de vue des latifundia fantômes en attente de devenir. Ce legs du pouvoir des Soviets est replacé dans une perspective historique longue afin de mieux saisir les rapports complexes entre la maîtrise de la terre et la fluidité structurelle des constructions identitaires.Conte Edouard. Terre et « pureté ethnique » aux confins polono-ukrainiens. In: Études rurales, n°138-140, 1995. Paysan au-delà du mur, sous la direction de Edouard Conte et Christian Giordano. pp. 53-85
