Héritage biblique et emblématique : le Minerva Britanna de Peacham comme art de méditation

Abstract

Henry Peacham’s Minerva Britanna (1612) mostly teaches the great lessons of Christian thought (temperance, virtue, compassion). The moral tuition relies upon an intense biblical intertext and quotations from the Fathers, in both poems and paratext, as in «Temperantia». The emblems also resort to the christianization of classical myths : «Divina misericordia» offers a reading of the myth of Prometheus already propounded by Valeriano’s Hieroglyphica (1556) and Bacon’s De Sapientia veterum. The pictures redevelop the message of the texts. In «Divina misericordia», the victim’s tortured body conveys a sense of compassion and then of Love in the reader’s heart. The pictures operate as figurations of concepts remaining out of reach without their mediation. They are founded on a hierarchy between the visible and the intelligible and borrow from St Paul’s theology (one can see only as through a looking glass, darkly). The reading of emblems is an art of meditation understood as intellectual operation and spiritual awakening.Exhortation à la tempérance, observance des vertus, apprentissage de la miséricorde, les grands topoï du christianisme sont enseignés dans beaucoup des emblèmes du Minerva Britanna d’Henry Peacham (1612). L’édification morale repose sur un intertexte biblique et patristique fort qui nourrit textes et paratexte, comme dans «Temperantia». Elle opère aussi par christianisation des mythes anciens : «Divina misericordia» reprend une interprétation du mythe de Prométhée déjà formulée par Valeriano dans ses Hieroglyphica (1556) et Bacon dans De Sapientia veterum. Les images redoublent le message délivré dans les gloses. Le corps du supplicié de «Divina misericordia» doit éveiller chez le lecteur la compassion d’où procédera la charité. L’image emblématique est figuration d’un concept qui, sans elle, serait inaccessible. Hiérarchisant entre le visible et l’intelligible, elle s’inscrit dans une théologie d’inspiration paulinienne (on ne peut voir qu’en énigme, par le truchement de l’ombre). Le déchiffrement de l’emblème est art de méditation qui combine travail de l’esprit et éveil spirituel.Chardin Jean-Jacques. Héritage biblique et emblématique : le Minerva Britanna de Peacham comme art de méditation. In: XVII-XVIII. Revue de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°64, 2007. La Bible dans le monde anglo-américain des XVIIe et XVIIIe siècles. pp. 177-189

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