Traditionnellement, l'Église accorde une place tactique précise aux images : celles-ci sont l'outil efficace du « faire croire » dans la mesure où elles sont un relais aide-mémoire de la croyance. On peut dire qu'à la fin du Moyen-Âge, l'espace pictural correspond dans un certain nombre de cas à cette fonction; car il existait une technique précise et codifiée pour inventer les images aide-mémoire et leur espace, celle de i'ars memoriae et de ses imagines agentes.
Une des innovations fondamentales de la Renaissance consiste à introduire dans la conception de l'image artistique un modèle rhétorique, inspiré de Cicéron et de Quintilien. Corollairement, on assiste à une mutation des espaces picturaux et du rapport figure/ lieu qui les structure. L'image « moderne » demeure le lieu d'un «faire croire»; mais il s'agit désormais de faire croire à l'image et à sa vraisemblance.
On indique rapidement certaines des difficultés ou ambiguïtés suscitées par cette transformation de la persuasion qui est en jeu dans l'image, en l'illustrant par l'analyse d'une série d'étendards de procession peints en Ombrie entre 1460 et 1530.Arasse Daniel. Entre dévotion et culture : fonctions de l'image religieuse au XVe siècle. In: Faire croire. Modalités de la diffusion et de la réception des messages religieux du XIIe au XVe siècle. Actes de table ronde de Rome (22-23 juin 1979) Rome : École Française de Rome, 1981. pp. 131-146. (Publications de l'École française de Rome, 51