research

Définition des priorités sanitaires et rationnement. L'opinion des Suisses, des Administrateurs hospitaliers et des Départements sanitaires des Cantons.

Abstract

Objectifs. Le but de cette analyse est,[i] de présenter l'opinion actuelle de la population suisse sur des thèmes liés à la limitation des ressources, à la définition des priorités et au rationnement dans le secteur sanitaire, [ii] de comparer cette opinion avec celle d'autres groupes professionnellement engagés dans le secteur (administrateurs des hôpitaux et directions des Départements sanitaires des cantons) et [iii] de contribuer ainsi au démarrage d'un processus dynamique de confrontation sur les opinions afin qu'un consensus social sur les priorités puisse être mieux atteint à moyen terme. Méthodologie. Sondages par questionnaire auprès de deux échantillons représentatifs respectivement de la population suisse (N= 1000, taux de réponse 87%) et des administrateurs hospitaliers (N=250, t.r. 61%) et auprès de toutes les directions sanitaires des cantons suisses (N= 26, t.r. 85% - 69% voir page 8). Analyses. Les questions et les "études de cas" soumis touchaient aux thèmes suivant: - financement du secteur; - entités qui doivent décider les priorités; - rationnement implicite ou explicite; - choix de priorités parmi différentes prestations et services médico-sanitaires; - adhésion à quelques critères généralement retenus pour la définition de priorités de prise en charge sanitaire (âge; comportement individuel à risque; qualité de vie future; soins dont l'éfficacité est scientifiquement démontrée -EBM-; efficience, efficacité versus équité; utilité individuelle versus utilité sociale). Une comparaison des résultats suisses avec ceux observés dans d'autres pays (Grande-Bretagne et Etats-Unis) est aussi présentée. Résultats. Les divergences plus marquantes entre la population et les groupes professionnellement engagés dans le secteur concernent, notamment, la nécessité de limiter les ressources, le rôle de la politique dans la définition des priorités, l'importance relative différente attribuée à quelques prestations sanitaires (notamment: transplantations, mammographie, soins aux schizophrènes et à domicile aux personnes âgées), à l'âge comme critère de rationnement et à l'importance attribuable à l'utilité individuelle versus l'utilité sociale. L'analyse montre aussi un consensus entre les groupes pour des choix de rationnement transparents et explicites ainsi qu'une préférence claire pour l'équité lorsqu'elle concurrence l'efficience et l'efficacité. Un consensus disentable envers la pénalisation de la responsabilité causale individuelle dans la maladie est aussi mis en évidence. Conclusions. Les opinions de la population, des administrateurs et des directions politiques des cantons ne sont pas toujours consensuelles et ces trois entités ne donnent pas souvent la même importance aux divers choix et critères sous-jacents à la définition de priorités. L'avis de la population, incontournable en Suisse avec sa démocratie directe, a été probablement exprimé sans que les opinions se soient formées à travers des confrontations caractérisées par des échanges de points de vue et par des délibérations. Le processus de formation de l'opinion est un processus dynamique et évolutif. On peut donc conclure que les avis des groupes, recueillis lors de ce sondage peuvent être sensiblement modifiés par l'information et la discussion publique de la problématique du rationnement et de la définition des priorités sanitaires qui devrait avoir lieu afin d'anticiper les conséquences incontournables de la croissance de la dépense sanitaire socialisée face à la limitation des ressources.Health care utilization; priority setting; rationing; population, administrators, politicians; surveys; Switzerland

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