Chrościcki, Juliusz A.

Hengerer, Mark Sven

Sabatier, Gérard

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Sous la direction de Juliusz A. CHROSCICKI, Mark HENGERER et Gérard SABATIER Les Funérailles princières en Europe XVIe-XVIIIe siècle 5. Le deuil, la mémoire, la politique T Collection « Histoire » PRESSES UNIVERSITAIRES DE RENNES CENTRE DE RECHERCHE DU CHÂTEAU DE VERSAILLES Cet ouvrage est le troisième et dernier volume d 'une trilogie consacrée aux funérailles princières en Europe à l'époque moderne. Le premier volume est paru dans la collection «Aulica» coéditée par le Centre de recherche du château de Versailles et les Éditions de la Maison des sciences de l'homme : CHROSCICKI Juliusz A., HENGERER Mark et SABATIER Gérard, Les funérailles pricières en Europe, XVJ'-XVIIf siècle : le grand théâtre de la mort, Versailles/ Paris, Centre de recherche du château de Versailles/Éditions de la Maison des sciences de l'homme, collection «Aulica», 2012, 17 x 24 cm, 412 p. (ISBN 978-2-7351-1426-9). Le deuxième volume est paru dans la collection «Histoire», série «Aulica. I..:Univers de la cour» coéditée par le Centre de recherche du château de Versailles et les Presses universitaires de Rennes : CHROSCICKI Juliusz A., HENGERER Mark et SABATIER Gérard, Les funérailles pricières en Europe, XVI'-XVIIf siècle: apothéoses monumentales, Versailles/Rennes, Centre de recherche du château de Versailles/Presses universitaires de Rennes, coll. «Histoire», série «Aulica. I..:Univers de la cour», 2013, 17 x 24 cm, 452 p. (ISBN 978-2-7535-2854-3). © PRES5FS UNIVERSITAIRES DE RENNEs UHB Rennes 2 - Campus de La Harpe 2, rue du doyen Denis-Leroy 35044 Rennes Cedex www.pur-editions.fr © CENTRE DE RECHERCHE DU CHÂTEAU DE VERSAILLES Pavillon de Jussieu RP 834 - 78008 Versailles Cedex www.chateauversailles-recherche.fr Mise en pages: APEX Création (Corps-Nuds) pour le compte des PUR Correction : Jean-Claude Baillieul Dépôt légal : 1 « semestre 2015 ISBN: 978-2-7535-4075-0 ISSN: 0753-3454 La communication, l'opinion publique, la politique Mark HENGERER et Gérard SABATIER Ce livre fait partie d'une trilogie qui, pour la première fois dans l'historiogra-phie, traite des funérailles princières à l'échelle européenne à l'époque moderne. Le premier volume analyse les rituels de l'exposition et de la mise au tombeau ainsi que les cérémonies qui exaltaient les princes et princesses européens tout en s'inscrivant dans l'effort d'intégration sociale et politique. Le deuxième volume s'intéresse aux tombeaux tant pérennes qu'éphémères et montre qu'ils étaient des pratiques et d'enracinement et de séduction. Mais ces deux volumes révèlent aussi que ceux qui étaient chargés de la mise en place des rituels et des monuments tenaient compte du regard du public : ils veillaient à ce que des publications desti-nées aux absents et à la postérité soient diffusées et essayaient d'anticiper la récep-tion publique des funérailles princières. Ces dernières étaient investies de plusieurs fonctions : en tant que rites, elles avaient valeur en soi ; mais médiatisées, elles devenaient d'éminents éléments du discours public. Ce troisième volume élargit le champ d'étude et d'approche conceptuel en mettant l'accent sur le fait que la valorisation du rituel et du monument dépend essentiellement de l'inscription de ces actes et de ces signes dans le discours contemporain et postérieur. Comme le disait Claude Lévi-Strauss : « Qui dit homme, dit langage, et qui dit langage, dit société 1• » Ce serait donc en s'offrant comme sujet de communication que la mort des princes peut marquer, au-delà des manifestations rituelles et monumentales, des dynasties, des États, des sociétés. Après avoir considéré les données factuelles fournies par les relations, nous avons examiné l'inscription des funérailles à l'inté-rieur d'un processus de faire-savoir, l'impact qu'elles ont pu avoir sur les opinions; nous avons cherché à comprendre comment, d'événement unique, elles ont pu devenir un événement partagé, qui intéresse, au-delà des participants et assistants, un public élargi dans l'espace mais aussi dans le temps. Pour faire bref, comment les funérailles princières ont-elles pu prendre place dans la formation des opinions publiques ? Si cette approche s'inspire de tendances novatrices dans le champ de l'histoire cultrnelle2, nous gardons toutefois la ligne qui nous a guidés dans les 1. LÉVI-STRAUSS 1955, p. 421. 2. LUHMANN 1997 ; sur l'époque moderne voir ScmôGL 2008. 11 MARK HEN GERER ET GÉRARD SABATIER deux premiers volumes : considérer les funérailles princières dans leur rapport au politique. Nous avons d'abord considéré la manière dont la mort des princes et leurs funérailles ont été portées à la connaissance. Une première catégorie de personnes intéressées étaient les autres princes, désireux d'apprendre év:idemment la nouvelle d'un décès qui pouvait avoir des répercussions familiales ou diplomatiques, mais tout autant, voire surtout, de connaître les rites funéraires, les modalités d' expo-sition et de traitement du corps, les hommages rendus, curiosité intéressée à des fins d'imitation éventuelle. Les princes italiens ou allemands regardaient de près ce qui se faisait en France. Les nouvelles leur parvenaient par leurs envoyés ou par des dépêches brèves. La stratégie des grands princes était un peu différente. Avec les Habsbourg ou certains princes allemands étudiés dans le premier volume et ici avec le cas du duc de Lorraine, nous voyons que l'on publiait des livres de funérailles souvent très illustrés, afin de garder la mémoire et aussi d'éblouir les compétiteurs. Linitiative venait plus des «émetteurs » que des destinataires ou des acheteurs. Dans une perspective tout autre - et l'on s'approche ici d' une vraie médiatisation -, un événem~~t dramatique pouvait susciter de la part du pouvoir une information strictement factuelle et la plus généralisée possible pour prévenir paniques ou troubles, comme lors de l'assassinat d'Henri IY. Au XVIIIe siècle, les gazettes annoncent la mort des princes parmi les actualités : médiatisation est-elle synonyme de banalisation ? Le deuil des souverains dans leurs royaumes est révélateur des relations entre eux et leurs sujets. Un constat très intéressant est celui qui peut être fait dans le cas des empires ibériques étendus sur la surface de la terre entière. Les distances jouent comme des ralentisseurs du temps, supprimant la notion d'événement au profit d'une destinée immuable. On apprend à Lima ou à Goa la mort du roi à Madrid ou à Lisbonne des mois, voire des années après. Ce roi absent, que l'on n'a bien sûr jamais vu, est une sorte d'abstraction; après lui en viendra un autre, tout aussi impersonnel. Les funérailles sont une forme de recharge sacrale entretenant la permanence d'un système qui assure ordre et stabilité. Elles sont aussi le moyen de manifester leur adhésion à l'empire, sorte de grand rite d'intégration à tous les niveaux, de la part des élites qui organisent comme des populations qui parti-cipent. Intégration d'autant plus forte qu'elle utilise les mêmes moyens partout: apparats, offices magnifiques, oraisons funèbres dépersonnalisées construisant l'image idéale d'une icône royale sans réalité individuelle. Nous avons affaire à tout autre chose dans les royaumes «modernes » européens. Dans la monarchie administrative française, les obsèques royales relèvent d'une bureaucratisation des émotions et, dans l'Angleterre des Hanovre, la disparition des funérailles royales a suscité une sorte de démocratie funéraire participative : les adresses que les communautés envoient au nouveau souverain sont une façon de faire corps quand la contrainte a disparu. On ne s'étonnera pas que ce soit dans l'Empire germa-nique qu'il est difficile de trouver des dénominateurs communs au prince défunt, puisque, s'il n'a qu'un corps physique, il a plusieurs corps politiques, dont chacun 12 IA COMMUNICATION, L'OPINION PUBLIQUE, IA POLITIQUE doit être honoré comme il sied. Dans l'Empire des tsars, ce sont les disparités entre groupes sociaux qui déterminent les formes du deuil. Sans qu'il y ait deuil pour autant, la mémoire d'un souverain étranger pouvait servir d'argumentaire dans les débats intérieurs d'un pays. C'était encore plus flagrant lorsque l'on célébrait pour lui des obsèques. Les puissances européennes déployèrent aux temps modernes de véritables stratégies mémorielles : les Médicis soignèrent leurs relations avec les Habsbourg et les Bourbons par les offices à San Lorenzo ; à Rome, les papes se voulurent les protecteurs de la chrétienté en honorant à tour de rôle les grands défunts catholiques ; dans les États de la Couronne espagnole, Philippe V célébrait les funérailles de son grand-père Louis XIV pour légitimer sa propre dynastie. Mais les découvertes les plus passion-nantes concernent, d'une part, !' instrumentalisation des funérailles des souve-rains étrangers par les rois de France afin de promouvoir une internationale des Bourbons, et, d'autre part, l'extraordinaire système bureaucratique des Habsbourg d'Autriche réglementant le deuil pour tous les membres des familles souveraines d'Europe en fonction de leur degré de parenté avec la tête de leur propre maison. Le colloque international « Funérailles princières et opinion publique en Europe (XVIe-XVIIIe siècles) » de Versailles et de Saint-Denis a été organisé du 26 au 28 novembre 2009 sous la direction de Juliusz A. Chroscicki, Mark Hengerer et Gérard Sabatier par le Centre de recherche du château de Versailles, avec le soutien de la Maison d'éducation de la Légion d'honneur. Ont participé au colloque de Versailles et de Saint-Denis : Daniel Aznar (universités de Barcelone et de Paris-Sorbonne) , Birgitte B0ggild-Johannsen (Musée national du Danemark, Copenhague) , Martine Boiteux (École des hautes études en sciences sociales, Paris) , Michel'<=:assan (université de Limoges) , Sylvène Édouard (université Jean-Moulin Lyon 3), Stéphane Haffemayer (univer-sité de Caen) , Bernard Hours (université Jean-Moulin Lyon 3), Britta Kagler (université Louis-Maximilien - LMU, Munich), Jean-Marie Le Gall (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) , Sara Mamone (université de Florence), Philippe Martin (université Lumière Lyon 2), Martin Papenheim (université de Bielefeld), Friedrich PolleroB (université de Vienne), Giovanni Ricci (université de Ferrare), Béatrix Saule (musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Centre de recherche du château de Versailles), Michael Schaich (Institut historique allemand, Londres) , .Marie-Karine Schaub (université Paris-Est Créteil Val-de-Marne) . Francis B. Assaf, Leonardo Carvalho-Gonçalves, Luis Javier Cuesta Hernandez, Gesa zur Nieden, Ulrich Niggemann, Kerstin Weiand et Dmitri Zakharine ont été sollicités par la direction de l'ouvrage pour compléter les contributions issues du colloque et élargir le panorama de l'étude. Les textes publiés dans ce volume ont fait l'objet d' une évaluation par un comité de lecture. Cet ouvrage a été coordonné par Mark Hengerer et Gérard Sabatier. 13 MARK HENGERER ET GÉRARD SABATIER La préparation éditoriale a été réalisée au Centre de recherche du château de Versailles par Alexandra Pioch, assistée de Marie Carlin, Samuel Halopau et Benjamin Ringot. BIBLIOGRAPHIE LÉVI-STRAUSS Claude, 1955, Tristes tropiques, Paris, Pion. LuHMANN Niklas, 1997, Gesellschaft der Gesellschaft, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2 vol. ScHLÔGL Rudolf, 2008, « Kommunikation und Vergesellschaftung unter Anwesenden : Formen des Sozialen und ihre Transformation in der Frühen Neuzeit », Geschichte und Gesellschaft, vol. 34, p. 155-224. 14 H 1 s T 0 R Sous la direction de Juliusz A. CHROSCICKI, Mark HENGERER et Gérard SABATIER Les Funérailles princières en Europe xv1e-xv111e siècle 3. Le· deuil, la mémoire, la politique T E LOIN de rester un événement unique localisé, les funérailles princières à l'époque moderne sont médiatisées à travers des rapports d'ambassadeurs, des publications hagiographiques, des documents administratifs ou encore des articles de presse et des gravures à vocation commerciale. La pratique du deuil des souverains dans leurs royaumes relève du« faire-corps»; très variable d'un pays à l'autre, elle est révélatrive de l'état des sociétés et du rapport entre le prince et ses sujets. En France et en Angleterre, le deuil est institutionnalisé et banalisé. Dans l'Empire germanique ou en Russie, ses formes varient selon le statut des États et des souverains ou le degré d'intégration des groupes sociaux dans le corps politique. Dans les Empires ibériques, les distances effacent la notion d'événement au profit d'une destinée immuable. Les funérailles, répétées partout sur le même mode, sont à la fois un rite d'intégration politique et un dispositif servant à restaurer la sacralité. Le deuil de~ princes étrangers devient quant à lui une pratique nouvelle des puissances européennes qtù l'instrumentalisent et développent de véritables stratégies mémorielles : pour renforcer les allianc~s politiques (la Florence des premiers grands-ducs Médicis), s'affirmer comme capitt mundi (la Rome pontificale) ou promouvoir une internationale des Bourbons faisant pièce à celle des Habsbourg. Cette instrumentalisation des funérailles se poursuit dans nos sociétés, consacrant la pérennité d'une pratique qu'on ne saurait confiner au passé. Ce volume est le dernier d'une trilogie consacrée aux funérailles princières de l'Europe moderne. Le premier, Le grand théâtre de la mort, s'intéresse aux rituels. Le second, Apothéoses monumentales, analyse les stratégies du tombeau et les pratiques artistïques. En couverture : BaU1olomeus van Bassen, Intérieur d'une égfüe imaginaire ai·ec la tombe de Guillaume l',. d'Orange (UJJ-U84) dit le Taciturne, 1620, huile sur toile, 1,12 m x 1,5 lm. Budapest, Szépm(îvészeti Muzeum, iJw. n• 1106 © Budapest, S~épmüvészeti Muzeum. Presses Universitaires , ~~~:n~:it;on,& Centre de•llliiid, ~hercheJ 1 111 11111 9 782753 540750 ISBN 978-2-7535-4075-0 22 € 

La communication, l'opinion publique, la politique

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La communication, l'opinion publique, la politique

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