Début février 2011, alors que les opposants au régime du président Moubarak occupaient la place Tahrir au Caire, le journal Destour titrait : " Mûlid al-hurriya midan Tahrir " (Mûlid de la liberté place de la Libération). De fait, si un mûlid est littéralement une célébration, dans le sens commun égyptien le terme prend aussi la forme et la signification d'un grand rassemblement associé à l'investissement d'un lieu. C'est probablement ce caractère tendancieux qui a valu aux mûlids d'être considérés et traités par les autorités, tant gouvernementales que religieuses, comme des phénomènes suspects voire séditieux, de l'occupation britannique jusqu'à l'époque contemporaine. Présents dans la plupart des localités d'Égypte, les mûlids ne sont pourtant pas -- loin s'en faut -- au cœur de la cité ; comme objets de recherche, ils peuvent de ce fait être déclinés depuis les champs de leurs marginalisations. Ils conjuguent en effet des registres divers de marginalités : sociale, spatiale, temporelle, et de sens