research

Les motifs de décrochage scolaire en Académies. L’exemple de l’académie de Créteil.

Abstract

Pour quelles raisons une partie des élèves interrompent, au moins temporairement, leurs études ?Les recherches ont désormais bien établi les différents facteurs sociaux et scolaires conduisant audécrochage scolaire. Mais la perception qu’ont les jeunes des conditions et des situations justifiantleur décrochage est moins investiguée. Une première enquête conduite en 2013 dans l’académiede Nantes révélait une forte lassitude du système scolaire considéré par une majorité des jeunescomme inadapté, sélectif et injuste (Bernard et Michaut, 2014). Cette enquête a été actualisée etétendue à d’autres académies davantage touchées par le décrochage, en particulier l’académie deCréteil qui se caractérise par un taux de sortants précoces nettement plus élevé (13, 5 % à Créteil,contre 9,5 à Nantes : Le Rhun & Dubois, 2013), une précarité sociale et familiale plus importante(Boudesseul, Caro, Grelet & Vivent, 2014) et une offre de formation moins diversifiée, avec uneplus faible place de l’enseignement privé et des formations en alternance. Le principal objectif decette nouvelle recherche consiste à identifier d’éventuelles spécificités liées à ce territoire. Prèsd’un tiers des jeunes décrocheurs de l’académie de Créteil ont ainsi été sollicités par téléphone etun échantillon représentatif de 762 jeunes a accepté de répondre au questionnaire. Interrogés surleur scolarité antérieure et leurs caractéristiques sociodémographiques, les jeunes étaientégalement invités à se prononcer sur les éventuels motifs qui les ont conduits à interrompre leursétudes. Parmi les 23 motifs de décrochage proposés, les 4 premiers sont : « je voulais avoir uneactivité professionnelles » (68 %), « j’en avais marre de l’école » (66 %), « je voulais gagner del’argent » (60 %), « j’avais l’impression de perdre mon temps à l’école » (56 %). A l’opposé, moinsde 15% des jeunes justifient leur interruption par le coût trop élevé de leur formation, unsentiment d’insécurité dans leur dernier établissement ou des conflits avec d’autres élèves. Lesmodélisations statistiques révèlent que les filles évoquent plus souvent la difficulté du travailscolaire et les problèmes personnels ou de santé, alors que les garçons avancent plus volontiers laquête de l’argent, une mésentente avec les enseignants ou l’exclusion de la formation. Uneclassification des motifs met en évidence cinq classes de motifs qui représentent autant deconfigurations significatives d’une forme d’expérience scolaire : de grandes difficultés scolaires, lerejet de l’institution scolaire, le désengagement de l’école, l’attrait de la vie active et le décrochagediscret

    Similar works