International audienceL'intervalle Berriasien-Hauterivien et l'intervalle Cénomanien-Turonien inférieur ont été étudiés par coupes sériées, alignées sur deux traverses E-W, de la côte actuelle aux contreforts du Haut-Atlas, l'une à la latitude d'Agadir, l'autre un peu plus au Nord (cap Tafelney-Imi N'Tanoute). Elles permettent de reconstituer l'évolution du prisme sédimentaire de la marge atlantique. Les séries marocaines sont très fossilifères (ammonites, brachiopodes, bivalves, oursins, ...) et ont permis de bâtir des échelles biostratigraphiques parallèles. Elles présentent également, au plan de la stratigraphie séquentielle, l'intérêt de montrer un enregistrement très particulier des séquences de dépôt, en raison de la grande platitude des profils sédimentaires qui n'autorise pas la constitution des prismes progradants classiques des profils de rampe, au début de la chute du niveau marin relatif. Les deux profils néocomiens montrent chacun l'empiètement progressif des séquences de dépôt berriasienne et valanginiennes vers l'Est. Ils montrent également des variations de faciès et d'épaisseur qui s'expliquent par une sédimentation dans un contexte de blocs basculés actifs (différentiel de subsidence) au moment de la subsidence de la marge. Le Berriasien est marqué par le développement des faciès marno-calcaires noduleux à huîtres qui se déposent en transgression sur les dolomies du Jurassique supérieur. Au Valanginien se développent des prismes côtiers gréso-argileux qui passent en position distale vers l'Ouest à des faciès marno-calcaires à ammonites peu épais. A partir du Valanginien terminal (zone à Callidiscus) et pendant l'Hauterivien inférieur (zone à Radiatus), on constate une grande variabilité des épaisseurs et des faciès (progradation éclair et locale de plages sableuses, installation de faciès coralliens, apparition de faciès turbiditiques locaux), signe sans doute d'une recrudescence du jeu différentiel des blocs de substratum. La fin de l'Hauterivien inférieur (zone à Loryi) est plus calme, marquée par la mise en place de petites séquences de progradation/rétrogradation rapide de plages sableuses. L'Hauterivien supérieur est particulier, transgressif sur la transversale d'Agadir, apparemment régressif (série rouge) sur la transversale nord. En réalité, le faciès rouge n'est pas continental mais marin, rougi par altération à la suite de multiples émersions synsédimentaires. L'Hauterivien se termine de la même manière que l'Hauterivien inférieur, par une suite de cycles de progradation/rétrogradation de plages sableuses dans lesquels la ligne de rivage a rapidement fluctué de façon répétitive sur de grandes distances. C'est à ce niveau stratigraphique que le rapport entre faciès marins et faciès rouges pseudocontinentaux est le plus compréhensible. Le Barrémien inférieur est transgressif, principalement marno-calcaire. Au Barrémien supérieur-Bédoulien (Aptien inférieur), se reproduit le même phénomène de progradation/rétrogradation rapide du système sableux côtier sur toute la largeur de la marge. L'analyse du prisme cénomanien, fait d'une très grand nombre de petites séquences, montre que les plages ont continué à fluctuer d'amont en aval sur des distances fortes, à peu près au même endroit que les plages néocomiennes. Comme au Néocomien, les faciès à huîtres sont des dépôts d'avant-côte proximale et se raccordent à la base des prismes de plage calcarénitiques et/ou sableuses. Les données couplées de la biostratigraphie, de la géochimie isotopique et de la sédimentologie de faciès montrent que le passage Cénomanien-Turonien s'effectue ici en contexte fortement régressif et non transgressif comme dans le bassin intérieur nord-américain. Les fluctuations rapides de la ligne de rivage se poursuivent jusque dans le Maestrichtien- Paléocène où les dépôts sont fait de l'empilement répétitif de petites séquences d'estrans sableux transgressifs après émersion. Au plan de la stratigraphie séquentielle, le Crétacé de la marge atlantique marocaine met particulièrement bien en lumière les multiples problèmes que l'on peut rencontrer dans l'application des modèles. La raison prncipale réside dans la platitude extrème des profils de dépôt qui introduit des distorsions considérables par rapport aux environnements de rampes classiques