Un dispositif pérenne de suivi de l'irrigation et du drainage a été mis en place par l'INRGREF et le Cemagref dans l'oasis de Fatnassa Nord. Ce dispositif expérimental permet un suivi temporel des volumes et des concentrations en sels des eaux d'irrigation et de drainage au niveau parcellaire et de l'ensemble du périmètre (l'oasis) et ce en vue de décrire et d'évaluer l'efficience de ces systèmes « récents » dans ce contexte oasien. Ceci nous a amené à caractériser et à quantifier les bilans hydrique et salin au niveau de l'oasis (114 ha) et d'une parcelle (0,8 ha), et de faire le lien avec les modalités de gestion de l'irrigation au sein des exploitations. Dans ce contexte, quelques résultats obtenus entre avril 2003 et septembre 2005 sont présentés dans cette communication. A l'échelle de la parcelle, l'analyse piézométrique met en évidence une très forte dynamique de la nappe superficielle suite aux irrigations, qui témoignent d'une remontée systématique de cette nappe à chaque irrigation et d'une vitesse de tarissement assez liée à la demande climatique. En termes de sels apportés, ces cumuls correspondent respectivement à 48,4 ; 30,4 et 23,3 t/ha de sels. Cela montre l'importance cruciale du drainage et de l'apport d'une fraction de lessivage pour mieux contrôler cette salinité. Les mesures au niveau de la sortie ont montré une variation saisonnière de la fraction drainée et en fonction du volume apporté à chaque tour d'eau. Par ailleurs, on a estimé l'exportation de sels due au pompage au niveau de cette parcelle vers les extensions et qui représente un ordre de grandeur quadruple de celui du drainage, soit de 60 tonnes /ha /an. Cette pratique traduit une gestion hydrosaline complexe entre l'oasis et les extensions et il est nécessaire de mieux estimer le poids de cette gestion dans l'établissement du bilan notamment à l'échelle du périmètre. A l'échelle de l'oasis, les différents termes du bilan hydrosalin (entrée - sortie) révèlent un bilan déficitaire sur toute la période de mesure. Les quantités d'eau et de sels sont estimées en entrée et en sortie du système sur deux années de mesure. Les entrées d'eau et de sels sont mesurées à l'échelle de la parcelle et extrapolées à l'échelle de l'oasis, et sont confirmées par les informations recueillies au niveau des forages. Les sorties par drainage souterrain sont mesurées indépendamment à deux exutoires. En revanche, les sorties de sel par l'écoulement naturel de la nappe vers le Chott n'ont pas été estimées. Au niveau des deux exutoires, 15 t/ha de sels ont été évacués par drainage sur 48 t/ha apportés pour l'année 1 et 5 t/ha ont été évacués sur 30 t/ha apportés pour l'année 2 avec une bonne répétabilité entre les deux exutoires. Le rapport correspondant entre volume de drainage et d'irrigation est de 11 % et 6 % respectivement aux deux années de mesure avec un coefficient de concentration quasi-constant de l'ordre de 2,8. Ces résultats traduisent un déficit respectif de 69 % et 84 % en termes de quantités de sels évacués par drainage. Ceci nous amène à nous interroger sur les performances techniques et économiques d'un tel système de drainage souterrain et sur sa pérennité dans ce milieu vu sa sensibilité au colmatage, constatée sur le terrain, par ensablement et pénétration des racines