research

La personne, le corps, la mort

Abstract

Résumé Cette contribution s’est attachée à interroger les conditions de possibilité du “récit de la mort”, étant donné l’unicité de l’événement de “mourir”. Cette unicité entraîne un traitement particulier dans la langue dont la prise en charge ne peut être faite qu’à la troisième personne : “quelqu’un est mort”, “il est mort”, “il y a eu de nombreux morts”, “es hat gestorben”. Cette restriction rend compte à elle seule de la nature essentiellement “impersonnelle” du “mourir”. Le caractère impersonnel du “mourir” se révèle pleinement dans la syntaxe : plus particulièrement, dès que le nombre de morts (lors d’une épidémie) l’emporte sur le pluriel de morts“particulières”, la construction impersonnelle survient, qui rend compte du “phénomène”, traité comme un phénomène “météorologique” (il meurt chaque jour tant d’enfants dans le monde / il pleut beaucoup en Bretagne). Le paramètre du temps (la mort au passé) corrobore ce traitement impersonnel de la mort innombrable “rapportée” : une chronique allemande rapporte : *il a mouru (es hat gestorben), la structure “personnelle” encore présente avec être (ils sont morts, sie sind gestorben) étant définitivement écartée. L’étude convoque des extraits de deux livres de Robert Antelme ainsi que d’une chronique médiévale allemande

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