International audienceLors du colloque de l'ADMEE de 1988, il y a 20 ans, l'autoévaluation a fait l'objet d'un débat réunissant de nombreux chercheurs travaillant sur cette question. Il en a été rendu compte dans la revue Mesure et évaluation en éducation (Paquay, Allal & Laveault, 1990). L'autoévaluation, dans le sillage de l'évaluation formative, est pensée à la fois comme moyen pour de la régu-lation cognitive et comme fin pour développer l'autonomie de l'apprenant. Elle s'inscrit dans le paradigme qui pense l'évaluation comme dynamique, au service de la régulation, avec son double sens de régularisation et d'évolution. Des travaux de recherche ont montré que les dispositifs les plus efficaces pour provoquer de l'autoévaluation-régulation sont ceux qui s'accompagnent d'interactions langagières entre pairs et entre formé et formateur (Allal & Michel, 1993 ; Campanale, 1997), autrement dit des dispositifs d'autoévaluation socialisée. La formation professionnelle aux métiers de l'enseignement et de la santé intègre de plus en plus l'autoévaluation socialisée des pratiques, comme moyen de régulation de la formation et comme fin pour développer la capacité réfl exive, gage d'autonomie dans le métier. L'implication des acteurs que nécessitent les dispositifs d'autoévaluation socialisée, c'est-à-dire leur participation active à l'élaboration des interprétations et du sens des pratiques observées ou décrites, en fait-elle des sujets co-auteurs de leur (trans)formation ? La prescription de l'autoévaluation ne risque-t-elle pas de pervertir ce processus interne, privé, somme toute intime (Campanale, 1998) que le sujet conduit avec lui-même tout en interagissant, de façon symbolique ou réelle, avec son environnement social ? Imposer que soit exposé à d'autres un discours réflexif qui témoigne du processus d'autoévaluation engagé, est-ce une contrainte de dévoilement qui éclaire le sujet ou qui le force à des stratégies défensives ? Quelles sont les conditions pour que les dispositifs d'autoévaluation socialisée contribuent à la construction, à l'enrichissement de savoirs professionnels ? Nous présenterons d'abord rapidement ce que l'on entend par auto-évaluation socialisée et les dispositifs censés la générer. Puis, nous interrogerons la pertinence de la prescription de l'autoévaluation – soit d'une auto-évaluation imposée – pour les étudiants en formation. Nous soulignerons les difficultés des formateurs dans cette situation où ils sont aux prises avec des logiques contradictoires, en donnant des repères pour un dispositif permettant de les dépasser. Enfin, nous rendrons compte d'analyses d'écrits réflexifs figurant dans des portfolios d'étudiants pour aider les formateurs à décrypter les discours des étudiants sur la construction de leurs savoirs professionnels, à situer l'ampleur de l'autoévaluation engagée et ainsi à s'impliquer dans l'accompagnement des régulations à mettre en oeuvre. Nous conclurons sur la posture du formateur dans cet accompagnement de l'autoévaluation de la pratique