Nous nous demanderons, dans ce travail, quels peuvent être les points communs entre l’angoisse telle que la voit Heidegger et celle à laquelle sont confrontés les praticiens de la psychiatrie. Quel est le lien entre l’affect qui révèle le dénominateur commun de toutes les structures existentiales, c’est-à-dire le souci, affect ayant une signification ontologique, et l’angoisse vécue par les patients de la psychiatrie ? Avons-nous le droit de penser que l’angoisse telle que la décrit Heidegger au sein de Être et Temps puisse correspondre à une réalité psychologique ? Pour être en mesure d’apporter des éléments de réponse à cette question, nous devons nous demander si certains points de la description heideggerienne de l’angoisse ne seraient pas susceptibles d’évoquer des éléments propres à l’angoisse traitée en psychologie ou psychiatrie. Cette description de l’angoisse développée par Heidegger est-elle réellement purement ontologique et existentiale ? Il nous faut répondre à cette interrogation afin de comprendre comment le psychiatre Binswanger peut se référer à la réflexion de Heidegger pour construire sa propre pensée en psychiatrie. Nous devons donc nous pencher sur la façon dont Binswanger utilise les propos du philosophe. Peut-être serons-nous alors en mesure de mieux nous prononcer sur le lien qui semble relier la pensée heideggerienne à la psychiatrie. Et peut-être en apprendrons-nous davantage sur nos propres angoisses